samedi 31 mai 2008

100% des gagnants...

Dans la poussière d'un désert qui vole sous le sabot des chevaux, le sage avait pour mantra une maxime que j'ai souvent faite mienne jusqu'ici: "Si la chance est avec toi, pourquoi courir? Si la chance n'est pas avec toi, pourquoi courir?" Maintenant que j'ai le tiercé des courses, je le sais, si le sage avait essayé d'être maître de conférence au lieu de contempler les formes des dunes, il aurait dit : " si le président du KKK est avec toi, pourquoi courir? Si le président du KKK n'est pas avec toi, pourquoi courir?".

100 % des postes où j'ai été auditionnée ont été pourvus... en local. Gloomy et son CV triste comme un jour de l'an à Ostende, Lucky que j'avais pisté parce que son profil collait si bien au poste dont je rêvais et Happy dont on m'avait prévenu qu'il était "fortement pressenti" ont gagné. Moi, je n'ai plus qu'à ranger les banderoles et les dossiers dans un grand carton étiqueté "Campagne MCF 2008" avec deux titres de "classée Seconde" et un titre de "classée Troisième" aussi utiles que mon diplôme de triton nageur passée à la piscine de La Ferté sous Jouarre en 1985 grâce au sadisme d'un gros chauve qui hurlait en menaçant d'une perche dangereusement oscillante de pauvres mioches bleus de froid qui barbotaient à la hauteur de ses orteils velus rangés dans leurs claquettes chlorées.

Beaucoup de bruit pour rien donc? J'entends déjà Anonyme 1, 2 ou 3 me dire que non, non, c'était très rigolo mes petits postes sur ce blog. J'entends aussi mes adorables compagnons de fortune et d'infortune me dire que oui, oui, c'est vraiment bien d'avoir été classée seconde et que ça promet pour la suite.

Je pourrais à mon tour applaudir des deux mains si...
S'il n'y avait pas les heures passées sur les dossiers, à peaufiner chaque phrase, chaque détail de la présentation. Les heures passées à écrire des mails, à téléphoner pour prendre contact. Les heures d'angoisse à attendre les convocations de KKK. Les billets de train achetés trop chers, les journées à préparer des slides, à répéter des auditions blanches, à choisir sa tenue, des matins de mal au coeur et des soirs d'insomnies, avant/après, tout le temps.... Tout ça pour voir qu'au final, c'était aussi utile que de chanter une comptine polonaise en guarani à un sourd, d'acheter des bananes bio importées par avion ou de faire une Tour Eiffel en allumettes cassées-recollées. Le poste de la ville verte était pour Gloomy, le doctorant du président du KKK, le poste de la ville blanche était pour Happy, déjà ATER dans la place, le poste de la ville grise était pour Lucky, le doctorant qui venait d'achever sa thèse au labo. Ils étaient pour eux, ils les ont eus. Et basta, que tous les autres, les clowns qui sont venus -qui peut-être même y ont cru - fassent une croix sur les dépenses, l'investissement, les illusions; Que tous les inconnus retournent à leur anonymat, ils n'avaient pas d'autre destin.

"Merci de vous être déplacée" m'a dit le dernier président du KKK. C'était exactement ça, merci d'avoir servi de décor, merci pour cette belle énergie naïve et touchante qui sauve les apparences et permet d'entériner une décision prise bien avant que le premier candidat n' ouvre la bouche. Qui trouvera à y redire? Gloomy n'aurait sans doute jamais trouvé un poste ailleurs, Lucky et Happy étaient très bons et s'intégreront parfaitement à l'équipe à laquelle ils appartiennent déjà. Ces KKK-là avaient tous de très bonnes raisons de choisir ces candidats-là, mais sans doute bien moins de panache à organiser ces mascarades de concours.

Si le président du KKK est avec toi, pourquoi courir? Si le président du KKK n'est pas avec toi, pourquoi courir?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merdre
comme eut dit l'Ubu

Pandore a dit…

Blop, je crois qu'il n'y a en effet rien de plus à dire, qu'un grand merdre qui résonne dans le vide et dont l'écho ne parviendra sans doute jamais aux KKK...

Anonyme a dit…

zut alors, a bas le KKK: Kruels, Kraignos, Kalamiteux…

bises