mercredi 28 mai 2008

Contes de Campagne 1 : Les villes

Il y eut la ville de pierres blanches avec ses palmiers posés comme de gros ananas le long des avenues bien droites. Cela ressemblait au Mexique, le ciel jaune était lourd de poussière, les filles avaient des épaules cuivrées dans des débardeurs colorés, des adolescents s'embrassaient sur les bancs des parcs et la fac se nichait, vieilles briques et placo vieilli dans les replis d'un campus foisonnant d'arbres odorants et de bosquets sauvages.

Il y eut ce côté inconnu de la ville chère à mon coeur, la pluie était tiède, les trottoirs glissants de pollen et de tristesse. La fac était la clairière d'une forêt d'immeubles végétaux, excroissance architecturale d'un bitume apprivoisé pour héberger les travailleurs drainés par des RER bondés.

Il y eut la campagnarde, son clocher face aux falaises, la fraîcheur d'un soleil printanier éblouissait les puits de lumière d'un campus flambant neuf. On sentait que l'architecte s'était appliqué, tout était vaste et rangé, dans l'ordre scolaire de salles studieuses. A l'image de la ville voisine, le campus était bas et large sous le ciel fécond de la tranquillité.

Dans ces trois villes, j'ai imaginé ce que serait la vie si jamais si, si jamais si, si jamais si...
Ici la petite maison avec des mimosas et l'odeur saline en contrepoint à la douceur des fleurs, là le petit appartement à prix d'or et au parquet qui craque et mon vélo qui dort dans la cour, là l'appartement fonctionnel avec le garage pour la voiture. Ici des marchés colorés croulant sous les fruits mûrs et des mauresques fraîches sous des tonnelles en arabesque entre les pierres, là, les brasseries joyeuses dans les cuivre desquels se reflètent les visages de mes amis, ici de sains dimanches pour aller tremper ses bottes à la rosée des champs. J'ai imaginé ces trois vies et j'ai trouvé cynique que quelqu'un choisisse pour moi.

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