mercredi 16 avril 2008

Deviens MCF : épisode 2


(rappel de l'épisode précédent : l'étudiant a réussi moyennant 5kg supplémentaire ou 10 kilos perdus à finir sa thèse et a préparé une jolie présentation pour synthétiser 3ans 5 ans de dur labeur)


On a mis une jolie robe ou un jean propre, même s'il est troué, ça a été pensé. Cette journée a été trop souvent rêvée ou fantasmée pour qu'il y ait de la place pour l'improvisation. Le matin, il a fallu aller acheter des bouteilles en plastique pleines de soda et des cacahuètes qu'on versera dans des assiettes en carton. Si on a de la chance, on a de gentils parents qui ont prévu du champagne et des canapés de traiteur pris dans de la gélatine alimentaire. Sinon Picard propose désormais de très bons petits fours pour les sauteries sans âme mais il faut avoir un four -un grand- pour cuire les fours -les petits.

On ne comprend pas bien pourquoi ce jour de sacre du travail intellectuel est ainsi pris par des considérations matérielles - on a oublié le tire-bouchon-mamie ne peut pas prendre le métro- nos parents divorcés se revoient pour la première fois.

A un moment, on est seul face à tous.

On voudrait convaincre les autres, notre mamie, l'amoureux qui nous a supportée, nos copains qui ne sont jamais trop moqués de notre sujet de thèse, tous ceux qu'on aime et qui sont venus voir le zoo universitaire, impressionnés par le portrait du président dans l'entrée.

Mais on est censé convaincre la petite équipe à la bouteille d'eau : ils sont quatre/cinq, encravatés ou en-collier face à notre présentation. Même ceux qu'on connait ont l'air étranger. On parle, ils parlent. On est étrangement absent -détaché. A un moment, brouhaha, le jury délibère, on verse les cacahuètes dans les assiettes en carton en embrassant tout le monde. Le jury revient avec une sentence connue d'avance.


D'un coup, au moment où tout le monde pioche dans les assiettes à cacahuètes et les petits fours à la gelée, un grand vide saisit le coeur : on est devenu docteur...

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