jeudi 30 octobre 2008

Sur l'onde calme et noire

Ils l'ont enterrée jeudi matin à 9h. Je n'avais pas voulu en parler ici, parce que je ne la connaissais pas, parce que je ne voulais pas prendre le risque d'utiliser ou de travestir une histoire que je connaissais pas.

Mais depuis la semaine passée, j'ai le cœur boueux du limon de la Seine. Pas un jour ne passe sans que son ombre ne s'attache aux pas de mes pensées. J'ai mal à son prénom, j'ai mal à son histoire, j'ai mal à tous ceux qui ont marché sur les ponts de ma ville en regardant le flot se presser contre les piles.
Et j'ai pensé à l'enfer d'un téléphone qui crie pour réveiller des mandarins au milieu de la nuit. J'aurais voulu leur dire que ce n'était peut-être pas de leur faute, mais qu'à s'épuiser dans la lutte à contre-courant, se laisser couler a le parfum du repos.

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ...
On entend dans les bois lointains des hallalis.


Echos, hommages et hallalis :

vendredi 24 octobre 2008

Mème pas mal!

Une odeur de café m'a ramenée au blog. Promis, j'expliquerai dans le prochain message pourquoi je me fais rare ici et pourquoi je n'ai plus que les calmes samedi et vides dimanche pour me livrer à cette nombrilesque activité.

Mais en attendant le coming out de mes activités de rentrée, je réponds au Why Blog puisque j'ai été taggée par
Pablo, lui même taggé par Tom Roud sur une proposition d'Enro... Pas sûre que ce blog relève des la catégorie des blogs scientifiques. Pour moi, il est avant tout un blog méta, le blog des petites cuisines de la science français et des dessous mal assortis de l'Université.

Pourquoi ce blog?

J'avais déjà partiellement répondu ici.

L'an passé, en début de campagne, j'en avais assez de répondre à tous en expliquant où j'en étais ("oui, j'ai un travail mais non, c'est pas encore le vrai"), comment marchait une campagne de recrutement ("oui, c'est un concours mais en même temps, c'est un concours où certains sont plus égaux que d'autres"), où j'avais envoyé des dossiers. Alors j'ai créé Kalai Elpides pour 1) expliquer à tous comment marchait le recrutement dans la recherche (ça a donné naissance à un palpitant feuilleton) 2) confier mes états d'âme et sautes d'humeur pour préserver la santé mentale de mon entourage.


Le souci c'est que finalement mes histoires de dossier et de section n'intéressaient pas mes proches, ma mère continue à croire qu'un chercheur porte toujours une blouse blanche avec des éprouvettes dans les poches et mon père ne comprend pas que c'est le blog de sa fille et pas celui qu'une inconnue dénommée Pandore ("Mais si c'est toi, pourquoi c'est pas ton nom?"). En revanche, quelques commentaires laissés ici ou là me portaient à croire que mes interrogations métaphysiques sur les rapports entre calvitie cranienne et broussailles de sourcils des membres de commission de spécialiste trouvaient quelques échos sur la Toile.

J'ai réalisé alors le manque de visibilité des précaires de la Recherche Scientifique et aujourd'hui ce blog est là pour 1) me servir de petit exutoire électronique, un alterlabo où l'on cisèle le mot en essayant de rire de tout de peur d'être obligée d'en pleurer 2) expliquer aux futurs aspirants MCF qu'il faut faire les slides de son directeur de thèse pour espérer un poste oeuvre de patience, expliquer aux KKK que c'est peu élégant de faire traverser l'Océan à Génie quand on embauche Gloomy et éventuellement informer sur ce qu'il y a dans la tête des candidats rouges et suants qui essayent de se vendre à la bourse aux MCF.

Et parce qu'à s'expliquer, on oublie l’essentiel et on travestit le réel, j'agrémente ce Why Blog d'un soupçon de Perec, d'un zeste de géniales foutaises* parce que j'aime bien l'idée qu'après la mort, ça sera pas pire qu'avant la naissance.

J'aime trouver dans mes stats un nouveau blog que je ne connaissais pas et qui pointe vers moi
J'aime pas le caractère chronophage du blog
J'aime pas ne pas publier un article parce qu'on identifierait de suite Pandore
J'aime relire les posts longtemps longtemps longtemps après les avoir écrits puis oubliés
J'aime me dire que parmi les prochains KKK qui m'auditionneront, y'aura des lecteurs qui ne sauront même pas que c'est moi
J'aime taper des nouveaux articles dans les trains qui roulent dans la campagne
J'aime penser que Gloomy ne sait même pas que ce blog existe et qu'il a tant parlé d'elle
J'aime pas qu'on puisse me repérer grâce à mon IP
J'aime lire "Gloomy" ou "KKK" sous le clavier des autres.
J'aime pas quand un commentateur s'appelle Anonyme
J'aime chercher dans Wikimedia Commons une image pour illustrer un article
J'aime pas ne pas trouver un chouette titre pour un article
J'aime pas ne trouver les fautes d'orthographe qu'une fois l'article publié
J'aime pas retrouver le même CSS que le mien sur d'autres blogs
J'aime que Pablo fasse des échos poétiques
J'aime pas quand personne ne commente un article
J'aime me demander qui est derrière l'IP du Collège de France, de l'EHESS ou de tel ou tel université ou institut
J'aime pas qu'on se serve de mon blog pour déverser son fiel
J'aime me demander si je dirai qui je suis le jour où j'aurai un poste
J'aime rêver au jour où ce blog écrira.....

FIN!




*
ceci est un hyperlien obligatoire, tant que vous ne cliquez pas dessus, vous ne pourrez plus lire ce blog! Et si vous persistez, votre ordinateur basculera automatiquement sous Windows Vista pour votre plus grand malheur!

Et je passe la parole à :
  • Machiavel qui a si délicieusement meublé mes procrastinations au temps où j'essayais d'abord de passer ma thèse
  • Caroline Legrand en phase de reconversion
  • Tous ceux qui veulent se prêter au jeu...

mardi 7 octobre 2008

Néologisme

J'ai souvent pensé à Gloomy cet été. Si tu es un jeune lecteur fraîchement arrivé sur ce blog pour suivre la saison 2 qui s'annonce aussi palpitante et déprimante que la première et que tu ne sais pas qui est Gloomy, tu trouveras quelques éléments biographiques dans ce papier. Donc, j'ai souvent pensé à Gloomy cet été. Gloomy à la plage, Gloomy chez mamie, Gloomy mange une gaufre au sucre et au sable, Gloomy fait sa pré-rentrée toute fière de sa promotion, Gloomy fait ses premiers cours, Gloomy fait un tableau Excel pour son ancien directeur de thèse le président de la commission de spécialiste qui l'a embauchée. Je me disais que ça y était, que Gloomy s'était fondue dans l'ingrate masse des enseignants invisibles qui rament dans l'ombre pour inculquer quelques valeurs scientifiques à de jeunes âmes utopistes qui au mieux croient en un monde meilleur et au pire s'interrogent sur le métier qui leur permettra de rembourser en plusieurs fois leur Home Video. Je pensais qu'on ne verrait plus Gloomy parce que si elle n'avait réussi à publier qu'un seul papier pendant sa thèse (enfin une fois en anglais et une fois en français et aussi un mémorable poster de vulgarisation à la journée dacquoise de chimie organique), il y avait peu de chance pour qu'on entende désormais parler de Gloomy dans le monde scientifique.

Grave erreur! Gloomy, toi dont la célébrité était sans doute restreinte au département de ton université et à ce modeste blog, tu peux désormais te targuer d'être citée dans le vrai livre avec des vraies pages d'un vrai scientifique important. Le vrai livre, c'est "La pratique de la sociologie", le vrai scientifique, c'est Serge Paugam. Et voici la manière dont le vrai livre du vrai scientifique parle de toi:


(anecdote et scanérisation de la pièce à conviction aimablement fournies par B.Coulmont, le vrai héros du passage.)

Etonnant non?

Si ça se trouve, gentille Gloomy, tu vas même passer à la postérité, devenir la Paris Hilton de la Recherche, la Cindy Sanders de l'Université. J'avoue que je rêve d'entendre en mai prochain "Tu verras, le candidat local est un vrai Gloomy!"

mercredi 1 octobre 2008

Gloomy Valérie

Chère Valérie,

au fil de ce blog, je m'adressais à toi comme Bernadette (Chirac) à Bernadette (Soubirou). Depuis plusieurs mois, je te disais mes espérances, mes rancoeurs, mes voeux pieux pour une recherche meilleure dans des billets spirituels mais légers que tu devais lire en douce entre deux réunions avec des professeurs importants avec des cravates (le prof met toujours une cravate quand il va au ministère). Je te livrais un peu de mon coeur de jeune aspirante MCF parce que je suis une enfant de la République et qu'on m'a enseigné que les femmes et les hommes politiques de ce pays oeuvrent pour un monde meilleur.

Et puis hier, j'ai eu un coup à ce jeune coeur. Un peu comme quand JR découvre que Sue Ellen l'a trompé ou qu'un enfant comprend la véritable nature des liens qui unissent le pantin Oui-Oui au Nain Potiron. J'ai découvert que tu étais la fille de Dominique Roux. Et que Dominique Roux, dans la vie, il est un peu président de Bolloré telecom. Et que Bolloré, c'est un peu la Business World Company qui a subventionné le yacht à Nicolas qui a fait couler tant d'encre marine. Le bateau s'appelait Paloma, une innocente colombre jetée en patûre à la médisance populaire.

Et là je me suis dis que tu devais doucement rigoler quand tu voyais les jeunes chercheurs s'offusquer des pratiques de mafia réseaux et magouilles qui légifèrent les recrutements de MCF. Bien sûr toi, ce n'est pas pareil, tu as sans doute été prise pour ton parcours, ton expérience et des compétences et pas du tout parce que tu étais la fille d'un homme qui gravitait dans des hautes sphères. Mais Gloomy non plus ce n'était pas pareil, elle a sans doute être prise pour son parcours, sa gentillesse et pas du tout parce qu'elle était la fille spirituelle du président de la commission de spécialiste.


Finalement on a peut-être une ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche qui a le mérite d'être une vraie représentante des pratiques de ses ouailles. Je suis bête, hein?Je m'étonne toujours devant ma candeur et mes belles illusions... Ces Kalai Elpides qui se lézardent peu à peu au rythme de la des campagnes ...

(Petit Teaser, si Gloomy, la véritable héroïne de la saison 1 vous manque, réjouissez-vous : elle revient bientôt sur ce blog dans un épisode hilarant sponsorisé par B. Coulmont)