mardi 20 octobre 2009

No hay dos sin tres

A l'heure où la châtaigne se blottie frileusement dans sa bogue piquante qui elle-même tente de trouver un semblant de protection sous l'épaisse couche de feuilles mortes dont se pare la terre pour garder un peu de la chaleur de l'été, Pandore sort de son terrier pour ébrouer son poil terni.

La campagne II s'était finie comme la campagne I, retour à la case départ, il n'aura servi à rien de partir à point ni même de courir, La Fontaine pouvait remettre un bonnet de nuit à dentelles et trous de mites. Alors pour éviter l'ingestion indigeste des amertumes et déceptions qui ne servent à rien d'autres qu'à diminuer l'espérance de vie des françaises en augmentant la probabilité d'un cancer du foie, lieu de toutes les biles ruminées, j'avais choisi le black-out. Total. Complet. Je ne parle pas, à personne, et surtout pas à moi-même de la campagne II. Je ne me pose pas de question, je ne pense pas et je m'étais fixée une date, le 1er septembre pour m'autoriser à penser en milieu autorisé et tempéré de ce que j'allais faire de moi, de ma vie et de mon nombril.

Ca a bien marché, ça mérita un post, "Survivre au non-recrutement par l'oubli pour les nuls", un guide de survie noir et jaune écrit par une experte warrior des moments où on sait qu'on ne sera pas MCF. Je vais pouvoir coacher du candidat post-campagnus-animal-triste. Donc, je n'ai pas répondu aux gens qui ne m'ont pas recruté mais qui "ne s'inquiètent pas pour moi car vu mon profil intéressant", je trouverai rapidement un poste, je n'ai pas répondu à mes géniteurs inquiets, je n'ai pas répondu à mes amis attentionnés sur le comment-pourquoi-pour qui de la campagne, je n'ai pas répondu à l'homme cher de toutes les consolations, je n'ai même pas répondu à moi-même qui me demandait où trouver du sens à ces non-sens. Et j'ai suicidé Elpidou, le blog à Elpide de quand elle jacasse et veut s'épancher son coeur babillard et verbiageur dans le moulin à paroles redondant et rabâcheur qui lui sert de concierge commère internationale. J'ai enfoui la carrière, le recrutement, le devenir sous le sable chaud d'un été aussi blanc que le cerveau d'un iceberg qui dérive dérive dérive en fondant doucement.

Début septembre, j'ai rouvert la boite de Pandore, entrebâillé doucement le couvercle pour jeter un coup d'oeil, ça avait l'air d'être calme alors j'ai poussé l'exploration plus loin pour vérifier si mon Elpis était toujours là. Depuis, on converse ensemble, c'est causant comme deux ladies anglaises, c'est cordial comme une entrevue de beaux-parents pour des fiançailles. A causer toutes les deux, je vous avais oubliés. Et depuis quelques temps, ça s'agite ici. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai vu passer Pablo, l'ange blanc de ce blog, j'ai vu passer Avrel, l'ange noir de ce blog, y'a eu le Troll Joseph qui voulait me faire gagner de l'argent avec mon blog. Et puis tout simplement cet anonyme qui disait que je manquais. Elpidou devait me manquer aussi, alors un bon mois après tout le monde, histoire d'être snob, un bon mois après tout le monde, les crayons neufs bien rangés dans la trousse craquante et le cahier vierge de tout gribouillis, Kalai Elpides fait sa rentrée des classes. Bonne année à tous, y'a de la dissertation loquace au programme.