samedi 28 juin 2008

AAA (les alcooliques, pas l'andouillette AAAAA)

La réunion d'équipe "Donnons un poste aux nécessiteuses" est mémorable à plus d'un titre. Outre les arrangements PEP (Postes Entre Potes) en toute impunité, elle a livré à mon âme naïve un autre sujet de consternation réflexion : celui de la publication.

Depuis quelques temps, les protocoles d'évaluation des laboratoires se multiplient et nul ne veut prendre le risque de passer dans l'arène pour gladiater pour les beaux yeux de Ste Pécresse qui aime l'odeur du sang qui imbibe le sable et fait sonner trébucher l'euro aux yeux du petit peuple spolié par tous ces fonctionnaires payés à rien foutre.
Donc, pour éviter de se retrouver le glaive à la main et un ridicule casque à plume sur la tête face à un lion aux canines longues et à l'haleine chargée, les labos essayent de balayer un peu devant leur porte. On met des fleurs, on astique les cuivres et on planque derrière un bosquet les quelques éléments qui déparent sur la photo.

La question du jour était donc de savoir derrière quel bosquet ouvragé cacher pudiquement les Non-Publiants. Parce que le labo compte un nombre certains d'enseignants-chercheurs qui ne recherchent plus -à part les heures supplémentaires dans des écoles qui payent grassement-, il a été proposé de créer un groupe de soutien pour assister les non-publiants. A mi-chemin entre Weight-Watcher et les Alcooliques Anonymes, les non-publiants sont invités à un groupe de travail censé les dynamiser. Par la suite, un référent personnel est chargé de suivre personnellement ses non-publiants pour les aider et les encourager. Un genre de coaching fort à la mode en ce début de siècle " Allo Droopy? c'est Nursy à l'appareil. Ca va? Tu es en forme? Bien, bien...Tu as écris quelque chose cette semaine? Ahhhhhh c'est bien ça : tu as lu un article le mois dernier! En anglais? Ah non, c'est vrai, tu n'aimes pas trop lire l'anglais. Bon bah maintenant, il faudra peut-être trouver une conf' où publier.. Non, non pas quelque chose de trop ambitieux, mais un petit workshop pour te remettre dans le bain [...]" Le groupe est donc en place depuis quelques temps, mais il semblerait que les non-publiants aient quelques difficultés : papiers non-retenus, pas prêts à temps... Et Créon de conclure : bon bah si c'est comme ça, on mettra vos noms sur des papiers écrits par d'autres.

J'ai pensé à Gloomy qui a publié un seul papier pendant et après sa thèse et qui dans quelques années mettra sans doute son nom collé à d'autres noms. Et j'ai pensé à l'Enervé de Service qui écrivait il y a quelques temps et même pas à propos des chercheurs : " la race est intrinséquement résistante à la consanguinité, puisqu'elle en est le résultat direct. On croise bien les lévriers entre eux, ça ne les empêche pas de courir vite, même s'ils sont trop débiles pour s'apercevoir qu'ils sprintent après un lapin en plastique." Publions, publions, qu'importe le lapin pourvu qu'on ait la vitesse!

jeudi 26 juin 2008

Quand le héros il meurt à la fin...

Antares vient d'achever sa quête dans un ultime soupir...


mercredi 25 juin 2008

Soldes d'été (faute d'être ou d'avoir)

En vertu des articles L. 310-1 à L. 310-7 du code de commerce et du décret n° 96-1097 du 16 décembre 1996 pris pour l'application du titre III, chapitre Ier, de la loi no 96-603 du 5 juillet 1996 et relatif aux ventes en liquidation, ventes au déballage, ventes en soldes et ventes en magasins d'usines, Pandore@Blog solde pour 6 semaines son stock d'invendus.

Article 1 : Jeune femme volontaire et motivée.

Description : 8 ans d'études, expériences de recherche dans le privé et le public, en France et dans 3 autres pays (Europe, Amérique et Asie), plusieurs qualifications CNU, plus de 600 heures d'enseignements dans plusieurs discipliness, marathonienne, capable de cuisiner un cocktail pour plus de 50 personnes en 2 jours, d'organiser seule la logistique d'une manifestation scientifique rassemblant 20 équipes de recherche, de distinguer un pingouin d'un manchot et de faire tout un tas de choses tout aussi utiles, adorant enseigner, ayant plusieurs projets scientifiques à portée de clavier. Classée sur toutes les auditions auxquelles elle a été convoquée (respectivement seconde, seconde, troisième). Aucune contrainte géographique, aucune contrainte familiale, publications conformes aux attentes, ne trouvant pas d'inconvénient à travailler soirs et week-end pour peu qu'on lui fournisse du bon chocolat...

Vice-caché (avoué donc à moitié pardonné) : ne sait pas rentrer dans le rang du politiquement correcte, ne sait pas demander une lettre de motivation, ne sait pas tenir sa langue face à un mandarin, ne sait pas appeler pour demander des appuis, croit innocemment qu'un bon dossier est le meilleur émissaire....

Prix : 1100 euros (valeur des indemnités assedics qu'elle touchera à partir de la fin de son CDD dans 5 jours et ce pour une durée indéterminée)

vendredi 20 juin 2008

Petit cochon

Secouons à nouveau les statistiques du blog en agitant un titre racoleur. Que tous les petits cochons des KKK lèvent la queue!

Non je plaisante, je préfère que tous les petits cochons des KKK drapent leurs pulsions et leurs attributs virils dans la toge de la dignité de leur fonction. Donc, derrière ce titre, nulle révélation croustillante sur la vie sexuelle des KKK, nulle condamnation indignée de propos qu'on aurait entendus ici ou là, mais une invitation à se pencher sur le petit cochon rose de l'aspirant MCF. Emmanuel Taïeb l'a fait et propose ses Mécomptes de Campagne : une réflexion sur le prix réel de la candidature. Entre les frais de reproduction et d'affranchissement, les oboles faramineuses versées à la SNCF et à Air France, les nuits d'hôtels, le constat que chaque aspirant a fait : candidater peut coûter cher, très cher. J'avais commencé mes comptes de campagne ici, il faudra y ajouter les pérégrinations des dernières semaines. Besoin de passer rapidement à autre chose sans doute, je n'ai aucune envie de le faire.

Et encore, dans ces 1000 euros estimés, on fait l'impasse sur les bouquins à lire pour se distraire pendant les nombreuses heures de voyage, les mélanges déstressants à base de fleurs de compositeur et de poils de yack marinés qu'on inspire à qui mieux mieux, les petits cadeaux méritants qu'on s'offre pour se récompenser, les coups à boire aux copains qui ont prêté leur dossier, leur présentation, relu les slides, le grigri en vrai peau de trèfle à quatre feuilles, les cierges de Lourdes modèle Deluxe qui brûlent grâce à Mamie, le chemisier pimpant pour être sous son meilleur jour, tous ces dépenses futiles et indispensables qui n'auraient rien changé et qui n'ont rien changé.

Petits Aspirants 2009, tous à vos petits cochons! A raison d'une centaine d'euros par mois jusqu'à la prochaine campagne, vous devriez être parés...

mardi 17 juin 2008

De l'autre côté du miroir

Petits aspirants MCF, s'il vous reste une once de candeur et d'optimisme, allez vous chercher un café, un thé ou un single malt, asseyez-vous sous ce grand pin parasol à l'ombre généreuse et venez écouter un petit conte pédagogique qui vous instruira plus sûrement que le Journal Officiel sur les démarches à accomplir pour devenir un jour MCF (avec la participation gracieuse et tout à fait exceptionnelle du choeur antique).





Introduction
[le choeur antique entre sur scène]

Le choeur des hommes : Dans ce mois de juin humide, Antares agonisait encore, agitant ses pattes candides d'un simulacre sans remords.

Le choeur des femmes : Dans ce mois de juin humide, si l'arène est bien vide, la bagarre est ailleurs, c'est le temps des décisions sauvages et des glaives suspendus : ces jours-ci on discute et puis l'on tractationne pour savoir l'an prochain quel poste l'on actionne.

Les deux choeurs réunis [en chantant]:
On imagine déjà
les réunions pédagogiques : quels besoins? quelles compétences?
On imagine déjà
les débats des labos : quels besoins? quelles compétences?
Oh nos Dieux, qu'ils sont beaux ces enseignants chercheurs,
qui activent leur cerveau telle une normande le beurre
Pour faire jaillir de l'eau des idées de valeur.
Oh nos Dieux, qu'ils sont beaux les hommes de ces labos,
S'activant dans la forge, brandissant le marteau,
Et sous l'enclume regardons ces profils qui feront l'un des leurs
Afin que très bientôt l'intellectuel labeur
S'épanouisse comme le vin à Bordeaux.

[Fin de l'introduction, le choeur quitte la scène]

ACTE I

La semaine dernière, Politia est entrée dans mon bureau. Comme je partage celui-ci avec Créon, le directeur du laboratoire, la plupart des visiteurs viennent surtout pour le voir lui et Politia n'a pas dérogé à la règle. Surtout que, bien qu'assidue à toutes les réunions et journées de laboratoire, je n'avais jamais croisé Politia et par conséquent il y avait peu de chance pour que Politia vienne me voir. Du coup, Politia a du me prendre pour une n-ième stagiaire de master et a donc considéré que 1) il était superflu de me dire bonjour 2) on pouvait parler très fort devant moi sans honte ni vergogne. J'en ai été quitte pour une bonne leçon de politique et pour comprendre qu'en ce moment, il y a mieux à faire que de fignoler sa recherche et qu'il serait bien plus utile d'aller rencontrer des directeurs de labo que d'user ma chaise à finir un n-ième article.

Politia venait voir Créon pour lui demander de lui créer un poste, hé oui, ça se passe comme ça, tout simplement! Politia a soutenu sa thèse l'an passé et a été qualifiée. Politia a donc participé à sa première campagne en vain puisque comme la plupart des participants elle est rentrée bredouille. Politia a eu encore moins de chance que les autres puisqu'elle a mal lu le Journal Officiel et a envoyé les pièces demandées pour les candidats à la mutation et que par conséquent son dossier a été jugé irrecevable sur quasiment tous les postes où elle avait envoyé son dossier. On ne s'étendra pas sur la gloomitude de Politia qui fait qu'elle n'a pas été assez futée pour lire le bon paragraphe du JO mais on retiendra la pertinence de ses arguments développés auprès de Créon : les postes sur lesquels elle voulait candidater ont tous été pourvus en local, elle n'arrivera jamais à être recrutée ailleurs donc il lui faut un poste en local. Créon, qui est gentil, lui dit qu'il est un peu surpris de la voir revenir alors qu'elle ne s'est pas manifestée cette année mais qu'il sait que le recrutement est une chose difficile et qu'il comprend bien sa démarche. Il y réfléchira et Politia, après moults récits déchirants sur la difficulté du recrutement et moults promesses sur tous les engagements qu'elle tiendra si elle obtient un poste, quitte l'acte I.

ACTE II
Conseil de laboratoire : entre la charte graphique du site Internet et quelques affectations budgétaires, on aborde la question des postes de MCF et PR qui seront demandés pour 2009. Créon propose d'étudier les possibilités pour deux personnes ("sic!", fait Pandore qui avait cru qu'on parlait de poste et non de personne) : Fidelia qui est une MCF habilitée et Politia qui est donc venue le voir il y a quelques jours.
Créon, comme le reste de l'équipe d'ailleurs, aime beaucoup Fidelia, elle est gentille et compétente, elle n'a pas réussi à se classer sur un poste de prof cette année et donc il serait bien qu'on lui créé un poste car "sinon elle n'en aura jamais". Fidélia qui est présente sourit, douce et humble. Tout le reste de l'équipe acquiesce : Fidelia mérite un poste de prof, créons-lui donc un poste à son profil.
Le consensus est moindre pour Politia : elle appartient à une section en minorité dans le labo et cette section brille surtout par son absence et les régulières défections quand des exposés ont été promis. Mais Créon défend généreusement son cas : un labo doit soutenir les doctorants qui ont grandi en son sein généreux et Politia a promis d'être dynamique une fois en poste. Certains renâclent un peu. Pandore, qui ronge son frein depuis un quart d'heure, ose un "Mais ça dépend si vous créez un poste pour des compétences nécessaires à l'équipe ou pour une personne particulière!!". C'est un peu comme si elle avait éructé à une dîner de Nadine de R. : grand silence un peu gêné avant que les conversations ne reprennent puisque par courtoisie, il est de bon ton d'ignorer les vulgarités. Pandore remballe ses larmes et regarde autour d'elle, ils sont 10, maîtres de conférences, profs et chercheurs et un seul vient d'ailleurs... Après quelques dernières objections, il est proposé de demander un poste de prof en 2009 pour Fidelia et de prendre Politia en ATER à la rentrée : on lui créera ensuite un poste de MCF en 2010 où elle pourra postuler sans souci, forte de son expérience active dans la maison en 2009.

Conclusion
[le choeur antique entre sur scène, les hommes ont la poitrine labourée de coups de fouet sanglants et les femmes sont voilées en noir.]

Le choeur des hommes : si tu es un jeune aspirant plein de fougue et de motivation, mais que tu veux économiser 400 euros d'avion....

Le choeur des femmes : si tu es un jeune aspirant plein de velléités intellectuelles, mais que tu veux économiser 40 euros d'hôtel...

Les deux choeurs réunis [en chantant]:
Si tu ne veux perdre ton temps, ton coeur et ta vaillance dans un triste combat,
Ecoute bien Pandore telle une Madame Irma
Aspirant PR, au printemps 2009,
Fidelia sera première
Et peu importe l'oeuf.
Aspirant MCF, au printemps 2010,
Politia sera première
L'endogamie persiste.
Depuis la nuit des temps, ainsi s'en va le monde
Le prédateur prédate et le prédaté tombe
C'est toujours le cynisme qui fait tourner la ronde.

[Le choeur s'effondre comme foudroyé, Pandore traverse la scène avec un nez rouge et entame la Marseillaise avec un bandonéon qui joue faux, le rideau se ferme.]

lundi 16 juin 2008

Antares et Cupidon, fable cruelle du MCF

Selon la procédure présentée avec autant de pédagogie que la situation le permet dans l'épisode 7, demain à 10h, je rentrerai mon tiercé dans Antares : Luckyland, Gloomyland et Happyland. Dans l'ordre. Pas de numéro complémentaire, pas de grille flash.

On savait grâce au Capitaine qu'Antares, la créature servile et félonne de St Pécresse, était un bachi-bouzouk des Carpates, une vieille perruche bavarde, un sauvage d'aérolithe, un Vercingétorix de carnaval et un zouave interplanétaire.

J'accuse à mon tour, j'ose crier dans les fils de la toile comme dans le pot de yaourt relié à un fil qui serait lui-même relié à un autre pot de yaourt collé à l'oreille du monde entier des quelques lecteurs égarés de ce blog : Antares est un peine-à-jouir, un glaçon dans le caleçon, une tante rabat-joie, un cousin aigri, un cheveu dans une glace aux marrons glacés. Comme il parait que je suis scientifique, voici deux preuves intangibles pour étayer ces accusations!
  1. J'accuse Antares de me priver de plaisir, ce grand moteur de l'existence : malgré ce que cet inimitable féministe de Coubertin laissait entendre, l'important n'est pas de participer mais de frémir. Quand je joue, j'aime avoir peur, goûter le suspens, l'incertitude, le goût qui me tourmente, le goût qu'est le plus fort. Or, dans mon cas, aucun suspens : Gloomy n'a pas été classé ailleurs, Lucky veut son poste et Happy bien que classé ailleurs n'aura sans doute pas d'autres choix. Donc, à moins que Gloomy ait le cerveau un peu mou suite à l'absorption prématurée de champomy bon marché et oublie de jouer à Antares, il n'y aura pas de changement dans mes classements. Donc jouer à Antares revient à renvoyer un bulletin au grand jeu Concours de la Redoute qui vous promet que vous avez gagné 150 000 euros si vous arrivez à coller avec votre salive chargée la vignette pré-encollée au goût de poisson en haut du bulletin de commande et à le renvoyer dans l'enveloppe jointe sous quinze jours.
  2. J'accuse Antares d'essayer subrepticement de briser la douce harmonie de ma tendre vie amoureuse : Epiméthée a récemment reçu un mail de Toto pour lui demander s'il prenait son poste (parce que Toto est classé derrière lui et qu'il aimerait bien savoir s'il envoie sa demande de résiliation de bail à son propriétaire). Ce que Toto ne sait pas, c'est qu'en le googelisant, j'ai découvert que si Toto prend le poste d'Epiméthée, il libère le poste que convoite Happy. Or Happy est celui qui est classé devant moi dans la ville blanche. Donc si vous avez suivi le raisonnement, vous concluerez avec moi que si j'élimine discrètement Epiméthée cet été en versant de l'antésite dans ses chocapic, je suis MCF mais... célibataire. Damned, cruel dilemne, prochain sujet de dissertation pour mes ouailles estudiantines, faut-il mieux être MCF non accompagné ou éternelle précaire de la vie amoureuse? Ou encore, comme le sujet 3 du bac de philo de ce matin le suggérait, l'ambition professionnelle mérite-t-elle de sacrifier sa vie sentimentale?
(Pour plagier Louis Pergaud qui mourut avant de découvrir les joies de l'hypertexte, je rappelle que les réclames littéraires pour des boissons euphorisantes présentes dans ce blog ne sont pas sponsorisées mais que, bien entendu, je ne refuserai pas l'envoi gracieux de quelques caisses d'échantillons à mon domicile. Il faut bien que je m'entraine à écrire plus pour gagner quelque chose...)

mercredi 11 juin 2008

Episode 7 : deviens MCF

(Rappel de l'épisodes précédent : après avoir traversé erratiquement la France pour de fugitives étreintes intellectuo-marketeuses avec des commissions plus ou moins affables, l'aspirant MCF est en possession d'un sésame codé....

C : 3, P1 : 5, R2 : -, L2 : 4 . Autrement dit, il ou elle sait qu'il est classé troisième à l'Université de Clermont-Ferrand, cinquième à l'Université Paris 1, non classé à Rennes 2 et quatrième à Lyon 2. Muni de ce sésame, il a le droit de jouer à la grande Loterie Antares. La loterie Antares est un cocktail indigeste, 50 % de chaises musicales, 25% d'imbroglio, 20 % de paramétrages, et 5% de chance.

50% de chaise musicale parce que tout le monde est à l'affût de la chaise qui va se vider. Classé troisième à Clermont, il peut espérer devenir deuxième quand Atchoum qui était deuxième est premier sur un autre poste que Grincheux vient de libérer car il était aussi premier ailleurs. Hop, hop, hop, les pions sautent comme aux dames chinoises, dès qu'un pion avance quelque part, tous les autres derrière changent de configuration au son d'une musique entraînante.

25% d'imbroglio quand ça se complique dans des triangulaires... Parce que notre aspirant dépend de Rox classé premier à Clermont mais qui préfèrerait aller à Rennes sauf si sa femme Roucky est aussi prise à Clermont. Mais Rouky ne sera prise là que si Rox libère le poste à Rennes parce que le second de Rennes Dincky est classé premier sur le poste de Rouky.

20% de paramétrages parce que ces derniers temps, tous les aspirants MCF ont compulsé les listes d'audtionnés quand elles existent, thanks to Baptiste Coulmont et autres bienfaiteurs, les listes de classement CNRS, INRIA, IRD et autres instituts. Parce qu'on a vu les réseaux numériques frémir de courriels "Bonjour, je suis Rouky , classée derrière toi et je voulais savoir si tu prenais le poste". Donc qu'on sait déjà à peu près à quelle sauce on sera cuisiné à la rentrée.

5% de chance, l'aspirant sans espoir se souvient de Djamdjam qui n'était que quatrième sur le poste d'une bonne université et qui pensait déjà pointer au chômage un an de plus. Sauf qu'Antares a appris à Djamdjam que Pongo, le n°1 avait renoncé pour rester près de sa femme, que Perdita n°2 avait préféré aller ailleurs et qu'Anita n°3...avait tout simplement oublié de jouer à Antares.

Quand enfin, tout le monde a rentré son tiercé -un quinté pour les plus chanceux- il ne reste plus à l'aspirant MCF qu'une ultime attente. Après l'attente de la qualif', l'attente de la liste des postes, l'attente des convocations aux auditions, l'attente des classements d'audition, il est devenu un pro du stress, des nuits sans sommeil et des repas sans faim. Sa famille sait qu'il ne faut plus lui poser de questions. Une dernière nuit et cette attente insupportable de l'actualisation numérique : toute la journée à surveiller ses mails, à rafraîchir des pages Internet, à cliquer plusieurs fois par minute, à à vérifier que la connexion fonctionne correctement pour découvrir en quelques secondes, le coeur battant, que ça y est, il est MCF. Tout ça pour ça....

(Si vous trouvez cet épisode compliqué et inintéressant, c'est que comme tous les derniers épisodes des séries, il faut bien relier tous les fils, pis ça se finit mieux que "ils se marièrent et eurent beaucoup de petits chercheurs qui n'auront jamais de poste, non?)

dimanche 8 juin 2008

Ste Pécresse, prends pitié de moi

Chère Madame la Ministre,

Je t'écris une lettre que que tu liras peut-être si, à l'instar des chercheurs que tu représentes, tu passes beaucoup de temps à procrastiner sur Internet en cachette dans ton bureau au lieu de te mettre enfin à ce rapport capital que tu dois envoyer dans deux heures.

Chère Madame la Ministre, je suis normalement une fille très sage et plutôt gentille. Je donne souvent des sous aux gens qui font la manche dans le métro à condition qu'ils ne jouent pas "Violetta" ou "La Bohème" au saxophone à moins de 10 cm de mon conduit auditif, je continue à aller voir ma grand-mère qui me traite à chaque fois de traînée délinquante parce que je ne suis pas mariée à mon âge et que je n'ai toujours pas de travail, je circule à vélo pour que les ours polaires puissent jouer à colin-maillard encore quelques années sur la banquise sans dériver vers la perfide Albion et je n'achète pas la presse people qui médit des starlettes anorexiques et se repaît de notre président boulimique de reconnaissance.

Comme tu vois, je fais ce que je peux pour essayer de mener une vie modeste mais honorable, en accord avec la morale judéo-chrétienne dans laquelle baigne la société où nous survivons toutes les deux malgré les assauts cocacolesques de M. Lelay et confrères pour essayer de promouvoir un monde de sexe, de mensonge et de reality people.

Pourtant, chère Madame la Ministre, il faut que je me confesse car, depuis quelques jours, il me vient des pulsions difficilement avouables. Autant le dire tout net, mes connexions trop fréquentes sur Antares, ton représentant à toi sur terre, ont été très néfastes. A l'heure où tout le monde compulse frénétiquement les Guides du Routard sécuritaire, le site de l'Office du Tourisme corse et le catalogue de Nouvelles Frontières, je dois bien l'avouer : cet été, je ne veux pas être Bernadette, ni Soubirou, ni Chirac. Cet été, je veux être une James Bond Girl.

Au lieu de passer la seconde quinzaine de juillet à randonner dans les montagnes d'Auvergne, j'ai des envies sauvages d'enfiler le bikini d'Ursula Andress et de sortir hors de l'eau ruisselante, la cuisse fuselée et le regard fauve pour surprendre Lucky sur la plage grecque où il passe l'été. Avec mon silencieux, je me glisserai telle une souple panthère derrière un cocotier et d'une simple pression de l'index, je l'aiderai à quitter ce cruel monde cruel.
Au lieu d'aller bouquiner sagement sur les plages bretonnes balayées d'embruns qui tentent en vain d'effacer le souvenir d'Erika, une amante souillone qui cochonna durablement les côtes, j'ai des envies de robe chinoise. J'aurais le regard bridé et le cheveux lisses comme de la soie pékinoise sur ma peau pâle comme une fleur de cerisier et je prendrai le train où Gloomy mange des oeufs durs et une pomme en allant chez sa mère-grand. Quand le convoi passera dans un tunnel obscure et sombre, je me glisserai telle une souple couleuvre dans son compartiment et d'un lacet prestement glissé autour de son cou, je l'aiderai à quitter ce cruel monde cruel.
Au lieu de parcourir la Hollande à vélo avec des sacoches joufflues, j'ai des envies de chignon blond patiné et de pommettes sculptées sous des yeux d'un bleu sibérique. Moulée dans un fourreau de satin cyan (RVB : 0, 255, 255), j'irai m'asseoir au bar de l'hôtel où Happy sirotera un Lagavulin 12 ans d'âge et sans glace. Quelques heures plus tard, quand il dénudera son torse virilement pileux dans la chambre luxueuse de sa suite en acajou et latex, tel un souple requin, je sortirai de l'échancrure de mon fourreau un pic ouvragé en argent et d'un coup rapide et précis, je l'aiderai à quitter ce cruel monde cruel.

Comme tu le vois, chère Madame la Ministre, je m'interroge sur la responsabilité ministérielle dans la hausse de la délinquance chez les jeunes, même si souvent le jeune chercheur n'a de juvénile que les prétentions salariales. Je m'inquiète pour ces innocents GloomyLukyHappy auxquels tous les aspirants MCF démunis songeront cet été avec de sataniques espérances et des aspirations morbides.

Ste Pécresse, pansez nos âmes blessées de penseurs machiavéliques...

samedi 7 juin 2008

Contes de Campagne 2 : Les musiques

Quand j'y allais, j'avais peur, une boule énorme et oppressante, logée dans le creux de mon ventre, bloquée entre le bassin et la poitrine. Comme si j'avais avalé un ballon sauteur, un truc trop gros, trop mou et trop résistant à la fois. Impossible de le faire sortir tellement il s'était emmêlé dans mes organes, imbriqué dans tous les recoins de mon corps.

Quand j'y allais, j'aurais aimé avoir un Panpan lapin usé de mon enfance à serrer dans mes bras, un trèfle magique en émail à frotter nerveusement entre deux doigts, une médaille de ma grand-mère bénie par Michel ou Roger, un gentil prêtre de paroisse, un livre de paroles sages que des vieux philosophes auraient proférées pour que les jeunes linottes du XXIème siècle en prennent de la graine, j'aurais voulu que quelqu'un me tienne par la main ou qu'on me chuchote à l'oreille que tout irait bien. Je cherchais dans tous les actes du quotidien des signes prémonitoires. Si le feu passe au vert, je serais prise cette année, si le pigeon se pose sur le banc, c'est que c'est bon. Je me souviens même un matin avoir regardé le ciel tout blanc en y cherchant quelque chose que les autres se vantent d'y trouver. Superstition et religion se refusant à moi même dans l'adversité, je suis allée affronter mon destin avec pour seul secours mon ordinateur, organe vital qui est au chercheur ce que le placenta est au foetus. 100% naturel, 0% trucage, pas de grigri de pacotille, non à la victoire ésotérique!

Pourtant, juste avant la première audition, j'ai trouvé le Panpan trèfle médaillé qui m'a rendu sage en faisant taire les angoisses, le remède qui apaisait le coeur. Il ne faisait pas partir le ballon mais il le rendait plus léger. Isolée du monde par les écouteurs, la vie à travers l'Ipod était beaucoup plus supportable

Pour la première chance, je suis entrée dans les danses de Pink Martini, enfouie dans les jupons rétro de China Forbes, je pouvais virvolter dans cette audition. Dans le tram qui me menait en terres gloomies, j'étais enfin sereine.

Pour la seconde chance, j'ai trouvé réconfort dans le trouble oblique du Slalom Dame de Jeanne Balibar. Du coin de ses yeux de louve et des méandres de sa voix feutrée, je pouvais slalomer dans cette audition.

Pour la troisième chance, j'ai écouté en boucle le Charlie, Rosie et moi d'Holden. "On vit dans une boite à musique, douce musique qui nous fait tourner sur un plancher mécanique comme des anges" et j'ai tourné, tourné, tourné...

Aspirant MCF, en cas de ballon sauteur, sache que la musique ne garantit pas la victoire mais qu'elle adoucit bien les coeurs...

vendredi 6 juin 2008

Wonder CA ou "Le retour de la vengeance masquée"

Petits aspirants MCF, gentils demoiseaux et gentilles demoiselles qui avez pleuré amèrement les parodies d'auditions auxquelles quelques KKK vous ont conviés ces dernières semaines, séchez vos larmes et réchauffez vos coeurs écaillés par le vert de gris des barreaux des institutions.


Nous nous pensions orphelin, nous nous pensions sans défense, nous pensions que nos prières à Ste Pécresse montaient vers un ciel aussi vide qu'une huître un premier janvier à 8 heures du matin. Et bien, redressons la tête et bombons le torse : nous avons nous aussi notre Vengeur Masqué. Il est moins hispano que Zorro, moins opiniâtre qu'Arlette, moins emplumé que Robin, moins puceau que Jeanne, moins moustachu que José, moins paquet-moulé que Batman, moins kilté que William, mais il existe : il a écrit à un de mes amis.


"[...]Les présidents des commissions des spécialistes avaient été conviés à présenter les propositions de recrutements. Le Conseil d'Administration a validé toutes les proposition de recrutement de MCF et de profs effectuées par les commissions des spécialistes sauf pour l’emploi de MCF n°0007 en Espionnage de sa Majesté.


La commission de spécialiste n’avait pas respecté le fléchage du poste en plaçant des personnes hors profil aux 3 premières places, le Conseil d'Administration a donc invalidé cette proposition de recrutement.[...]"


Alors, laissez Pandore à ses chimères, ne lui dites pas que c'est parce qu'un membre éminent du CA jalouse le président du KKK qui lui a volé une ancienne maîtresse, ne lui dites pas que c'est parce que le neveu du président de l'Université a été classé 4ème, ne lui dites pas que c'est parce le candidat local pressenti n'avait pas fini sa thèse à temps et qu'on veut lui donner le poste l'an prochain. Laissez-la caresser l'idée si douce que non un KKK ne peut pas faire n'importe quoi et que oui il existe des instances pour juger que classer Gloomy et ses amis est un acte honteux pour un établissement*.


*en l'occurence, ce n'est pas mon Gloomy à moi, ce n'est d'ailleurs pas un poste dans ma section...

mardi 3 juin 2008

Research Pride, Academic Shame...

(en écho à Caroline)

En 2006, j'étais aux premières manifestations de Sauvons La Recherche, j'avais mobilisé les gens du labo, on marchait dans Paris gonflés à bloc avec des pancartes impertinentes et pleines d'esprit. Je me souviens de ballons, de chaînes, de blouses blanches et dans un coin de ciel la lune, incongrue dans un après-midi de bruits et de trompettes, nous souriait.

Mardi dernier, deux ans plus tard, les chercheurs étaient à nouveau dans la rue pour manifester leur fierté et défendre leurs acquis et leurs valeurs face aux dernières propositions du gouvernement. Moi, j'étais chez moi, sans aucune envie d'aller exprimer ma fierté à appartenir à la Recherche.

Entre ces deux manifestations, il y a eu trop d'eaux sales sous les ponts de Paris où coule la Seine, vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont et je demeure. Comme je l'ai écris chez Caroline, je ne suis plus fière de la Recherche telle qu'elle est faite ici, je n'ai plus envie de la défendre. J'ai avalé trop de couleuvres, mis trop souvent ma dignité et ma passion en berne sur ordre mandarinal. J'ai trop d'amis excellents qui sont partis à l'étranger parce que c'était le seul endroit où leur pluridisciplinarité était reconnue et où on leur offrait un salaire et des conditions de recherche décents. J'ai vu trop de Gloomy végéter à l'Université, méprisant les étudiants et ne faisant plus de recherches. Je suis lasse des projets ANR où la première année on se demande ce qu'on va faire et la dernière où on se demande bien ce qu'on a pu faire et ce qu'on va mettre dans le rapport. Je suis écoeurée des conférences à 500 euros les frais d'inscriptions... Je suis tiraillée entre ma passion pour la Recherche en tant que telle et mes désillusions du Small World de la Recherche, cet Academic Romance qui serait si amusante si elle n'était aussi révoltante.

Je fais partie de ces "jeunes chercheurs [...] qui renoncent de plus en plus à s’engager dans des carrières scientifiques" défendus par l'Academic Pride. Sauf que ce n'est pas uniquement à cause des réformes à venir que j'ai envie de renoncer mais à cause des agissements d'un certain nombre de chercheurs en place -et dont certains étaient sans doute à marcher ce mardi pour revendiquer leur fierté- qui permettent et favorisent le localisme, le mandarinat, les petits arrangements entre amis, les colloques entre gens de bonne facture (de préférence la sienne), le franco-français intellectuel et tous ces faits tellement présents qu'ils n'étonnent plus personne et sont devenus la norme.

On pourra me répondre avec intelligence qu'il y a de belles choses et de belles personnes et de belles recherches et qu'il faut se battre pour ça, je le sais et c'est bien pour ces raisons que je recandidaterai l'an prochain. Mais, cet après-midi-là, au lieu de marcher sous la pluie, je suis restée chez moi, à digérer à l'avance le résultat de l'audition que je venais de passer le matin. Une audition à laquelle j'avais voulu croire. Une audition dont le résultat a été celui que j'avais pronostiqué plusieurs semaines auparavant. Cet après-midi-là, au lieu de crier des slogans pour que vive la Recherche Française, je suis restée chez moi à travailler bénévolement pour continuer à chercher sur ce qui me tient à coeur. Cet après-midi-là, il n'y avait aucune raison d'être fière de quoi que ce soit et j'en étais la première attristée. Même la lune ne s'est pas montrée...

Liens vers d'autres chercheurs qui "n'ont pas marché" :