mardi 3 juin 2008

Research Pride, Academic Shame...

(en écho à Caroline)

En 2006, j'étais aux premières manifestations de Sauvons La Recherche, j'avais mobilisé les gens du labo, on marchait dans Paris gonflés à bloc avec des pancartes impertinentes et pleines d'esprit. Je me souviens de ballons, de chaînes, de blouses blanches et dans un coin de ciel la lune, incongrue dans un après-midi de bruits et de trompettes, nous souriait.

Mardi dernier, deux ans plus tard, les chercheurs étaient à nouveau dans la rue pour manifester leur fierté et défendre leurs acquis et leurs valeurs face aux dernières propositions du gouvernement. Moi, j'étais chez moi, sans aucune envie d'aller exprimer ma fierté à appartenir à la Recherche.

Entre ces deux manifestations, il y a eu trop d'eaux sales sous les ponts de Paris où coule la Seine, vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont et je demeure. Comme je l'ai écris chez Caroline, je ne suis plus fière de la Recherche telle qu'elle est faite ici, je n'ai plus envie de la défendre. J'ai avalé trop de couleuvres, mis trop souvent ma dignité et ma passion en berne sur ordre mandarinal. J'ai trop d'amis excellents qui sont partis à l'étranger parce que c'était le seul endroit où leur pluridisciplinarité était reconnue et où on leur offrait un salaire et des conditions de recherche décents. J'ai vu trop de Gloomy végéter à l'Université, méprisant les étudiants et ne faisant plus de recherches. Je suis lasse des projets ANR où la première année on se demande ce qu'on va faire et la dernière où on se demande bien ce qu'on a pu faire et ce qu'on va mettre dans le rapport. Je suis écoeurée des conférences à 500 euros les frais d'inscriptions... Je suis tiraillée entre ma passion pour la Recherche en tant que telle et mes désillusions du Small World de la Recherche, cet Academic Romance qui serait si amusante si elle n'était aussi révoltante.

Je fais partie de ces "jeunes chercheurs [...] qui renoncent de plus en plus à s’engager dans des carrières scientifiques" défendus par l'Academic Pride. Sauf que ce n'est pas uniquement à cause des réformes à venir que j'ai envie de renoncer mais à cause des agissements d'un certain nombre de chercheurs en place -et dont certains étaient sans doute à marcher ce mardi pour revendiquer leur fierté- qui permettent et favorisent le localisme, le mandarinat, les petits arrangements entre amis, les colloques entre gens de bonne facture (de préférence la sienne), le franco-français intellectuel et tous ces faits tellement présents qu'ils n'étonnent plus personne et sont devenus la norme.

On pourra me répondre avec intelligence qu'il y a de belles choses et de belles personnes et de belles recherches et qu'il faut se battre pour ça, je le sais et c'est bien pour ces raisons que je recandidaterai l'an prochain. Mais, cet après-midi-là, au lieu de marcher sous la pluie, je suis restée chez moi, à digérer à l'avance le résultat de l'audition que je venais de passer le matin. Une audition à laquelle j'avais voulu croire. Une audition dont le résultat a été celui que j'avais pronostiqué plusieurs semaines auparavant. Cet après-midi-là, au lieu de crier des slogans pour que vive la Recherche Française, je suis restée chez moi à travailler bénévolement pour continuer à chercher sur ce qui me tient à coeur. Cet après-midi-là, il n'y avait aucune raison d'être fière de quoi que ce soit et j'en étais la première attristée. Même la lune ne s'est pas montrée...

Liens vers d'autres chercheurs qui "n'ont pas marché" :

38 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me souviens avoir discuté pour motiver les gens de mon labo à venir marcher pour sauvons la recherche en 2006.

Cette année, j'étais à l'autre bout de la France dans un endroit où personne n'allait marcher pour la recherche. Je suis resté dans mon bureau à gagner mon salaire.

Entre temps, beaucoup d'eau est passée, et j'espère que je serai de ceux qui ne mandarineront pas.

Ton billet me mine profondément, et je ne peux même pas dire pourquoi. Je te souhaite toute la réussite que tu mérites.

Pandore a dit…

Ldte, il faut ramener ce message à ce que j'ai vécu ces derniers jours. Indubitablement, si j'avais eu la chance comme toi de passer de l'autre côté, j'aurais écrit un billet enthousiaste sur toute la belle énergie à mettre en oeuvre pour rendre la Recherche plus belle et sur les mille et une manière de la défendre!

Donc dis-toi que tu es de ceux qui auront la chance de mettre en oeuvre une autre Recherche, que tu as en main un levier pour faire bouger les choses et que c'est une opportunité formidable!

Ceci est et demeure un simple blog : le cahier virtuel d'humeurs de campagne. A côté de ces pensées un peu moroses en ce moment, il y a des gens plus optimistes à écouter et à suivre : http://academicpride.fr.nf/spip.php?article40

Anonyme a dit…

Salut Pandore

Bon, encore des réponses négatives, ce qu'il y a de bien avec les candidatures permanentes c'est qu'il y a toujours des échéances prometteuses...
L'aver c'est qu'il est impossible d'organiser sa vie ou je vais vivre et comment dans 6 mois, en Belgique ou au Portugal dans un labo Parisien de ceci ou dans une fac Lyonaise de cela ???

Ce qu'il y a de bien c'est qu'on peut être à la fois chercheur, chômeur, précaire, conférencier, étudiant dans la même journée. Ce qui pose problème c'est quand on nous demande ce que l'on fait dans la vie...

Anonyme a dit…

O triste, triste était mon âme...

décidément ce blog est un plaisir pour l'amateur de lettres et un tourment pour l'amateur de science

Anonyme a dit…

Bonsoir cher blop

Tu peux toujours taper "sciences" sur ton moteur de recherche, et qui sait, peut-être apprendra-tu quelque chose.
Sinon il reste les livres, tu sais...

Anonyme a dit…

anonyme > ???

OK mon message était trop sibyllin.
Je recommence.
Plouf plouf [comme dirait le grand Pierre].

Ce blog est un plaisir à lire, notamment pour les références littéraires / musicales qui le parsèment (c.f. quelques billets précédents).
Mais un tourment pour ce qu'il révèle du fonctionnement de la recherche.

Après, je vois pas trop ce que google peut m'apporter sur ce coup-là...

Anonyme a dit…

Quelqu’un parmi vous sait, d’autres non : l’année prochaine aucun nouveau poste de mcf ne sera créé dans les universités en France.
Résultat: il y aura une “grande guerre” parmi nous, comme des chiens enragés nous nous entretuerons pour obtenir un repas chaud auprès d’un maître auquel nous lécherons les bottes neuronales …
Ou bien, espérons que les départs å la retraite et la mortalité des mcf présentement en poste augmentent de manière exponentielle ….

Anonyme a dit…

Quelqu’un parmi vous sait, d’autres non : l’année prochaine aucun nouveau poste de mcf ne sera créé dans les universités en France.
Résultat: il y aura une “grande guerre” parmi nous, comme des chiens enragés nous nous entretuerons pour obtenir un repas chaud auprès d’un maître auquel nous lécherons les bottes neuronales …
Ou bien, espérons que les départs å la retraite et la mortalité des mcf présentement en poste augmentent de manière exponentielle …

Anonyme a dit…

Une bonne ou une mauvaise chose ?

J'ai entendu des infos de ce type (non confirmées).
C'est peut être une opportunité pour agir, toute l'énergie et la tune non dépensé en candidature peut être utilisé pour lutter, ceux qui bougerons ont une chance de gagner, ceux qui pleurent ont déjà perdu...


c'est peut être pas une tuile mais une chance.


VV

Anonyme a dit…

Aucun poste de MCF? Dans toutes les sections? Quelle est la source?

Anonyme a dit…

aucun NOUVEAU poste créé. ca veut probablement dire autant de postes mis au concours que cette année, soit près de 3000, ça fait deja un moment qu'il n'y a pas de création de poste.

Anonyme a dit…

Juste pour information sur la création des postes dans les universités : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1803

Anonyme a dit…

Ici aussi, un discours catastrophiste de la part de l'auteur dans la note pour finalement confirmer dans les commentaires qu'il y aura bien des postes de MCF pour remplacer les départs a la retraite en 2008/2009.

http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/12/je-pense-eux.html

la question est celle du statut: poste de fonctionnaire? CDD? CDI?

Anonyme a dit…

Bonjour

la fac est là pour former des gens conscients, autonomes et responsables de la société et pas seulement de leur petite carrière, de leur petite personne ou de leur petite discipline.

Paradoxalement, je pense qu'on peut obtenir pour soi et par voie de conséquence pour les autres...

VV

Anonyme a dit…

vv, "la fac est là pour former des gens conscients, autonomes et responsables", et sans travail?
Ce discours est un dogme car aucune étude "scientifique" ne prouve que la fac rend "conscients, autonomes et responsables". Voilà à quoi est réduit ce "temple de la raison" qu'est la fac : à justifier son existence par un dogme.
Tous les étudiants de fac, vont chercher des diplômes pour avoir du travail, pas pour devenir rmiste comme c'est le cas actuellement...

Anonyme a dit…

Par ailleurs, cette croyance que la fac rendrait "les gens conscients, autonomes et responsables", explique en partie le mépris que les universitaires ont pour les gens n'ayant pas de formation universitaire.

Pandore a dit…

Anonyme 1, je ne peux que rebondir sur la lassitude qu'il y a à ne pas pouvoir se poser. On voit tous les amis autour se fixer, faire des enfants, acheter des maisons et on se sent un peu seul à ne pas savoir où on sera dans 6 mois et encore moins dans 1 an... Je ne sais qui peut accepter après 10 ans d'études de cumuler des CDD comme les réformes y invitent.

Blop, personnellement, j'aime beaucoup les messages sibyllins ;)


IslaEscondita, c'est déjà le cas dans de nombreuses disciplines. En tout cas, dans ma fac, il n'y a que de nouvelles répartitions en fonction des départs en retraites. Cela créé de réelles tensions entre les disciplines et les équipes... Merci pour le lien.

Erathrya, merci pour le lien, pour moi c'est effectivement le vrai souci. Je ne sais pas s'il faut plus ou moins de postes. Par contre, précariser la recherche est sans doute la pire des choses. Comme je disais plus haut, après 10 ans de recherche, je n'accepterai pas de multiplier les contrats précaires : soit je trouve enfin un poste, soit je change de métier... Une question de vie personnelle mais aussi une question de conception de la recherche : faire de la recherche avec des échéances sur 4 ans ne correspond pas à la manière dont je conçois mon activité scientifique.

Anonyme 3, lors de ma formation CIES (formation pour les futurs MCF), j'avais vraiment apprécié l'analyse d'un historien qui comparait ses étudiants issus des grandes écoles et ceux de l'Université : au lieu de dénigrer l'un ou l'autre, il objectait que les deux systèmes formaient les étudiants à des compétences différentes. Les grandes écoles formaient des chercheurs maîtrisant très bien la présentation de contenus académiques et la définition de problématique théorique et l'Université formait des chercheurs très indépendants, capables d'excellentes synthèses à partir d'un grand nombre de données. Réussir à l'Université signifie avoir réussi à s'orienter en milieu hostile sans personne pour te materner ou te dire ce que tu dois faire, le plus souvent en travaillant à côté. Donc en général les étudiants diplômés de l'Université sont effectivement autonomes et responsables : qu'ils soient prêts pour le monde de l'entreprise est une autre question. Je ne suis pas sûre que ce soit le rôle de l'Université, il existe d'autres formations et d'autres institutions pour cela.

Anonyme a dit…

Pandore,
Si le seul débouché réservé aux étudiants d'université est l'université, alors il serait temps de songer à ce que le nombre de ces étudiants soit ramené à des proportions décentes et raisonnables ne crois-tu pas? C'est à dire ne pas en former plus que l'université ne peut en absorber pour les professionaliser (c'est à dire qu'ils obtiennent un travail et un salaire). Actuellement, on constate malheureusement que l'université crée plus de précaires qu'autre chose. On ne peut pas laisser faire en faisant comme si les étudiants (de la première année jusqu'au doctorat)allait à la fac pour devenir "autonome" et "responsable". Je persiste à dire que les étudiants vont à la fac chercher des diplômes èspérant que ces diplômes leurs permettent d'obtenir un travail et surtout un salaire (que ce soit le docteur qui attend de recevoir un poste de MCF -et surtout un salaire de MCF car après tout on peut faire de la recherche bénévolement-, ou l'étudiant de Master qui ne donne pas 5 ans de sa vie seulement pour devenir "autonome" et "responsable"...).
L'université n'est pas là pour "civiliser" des sauvages incultes qui n'ont pas reçu ses lumières, mais pour offrir un avenir qui permette de s'acheter -ou au moins de louer- une maison, de construire une famille, de "penser" la société ailleurs que sous un pond etc etc...

Anonyme a dit…

Bonjour


Je n'ai jammais prétendus que la fac assurait "la formation de gens conscients, autonomes et responsables", j'ai dit que c'était sa mission.

Si c'était le cas on verrait des gens diplomés conscients réspoinsables et autonomes capables de se défendre contre les mandarins et prendrent part aux luttes ce qui n'est pas le cas. La majorité est attentiste... Je ne pense pas que la fac doit rester ce qu'elle est, mais elle ne doit pas se contenter de changer d'idéologie sans y réflechire un peu au moins...

Par exemple :
En ce qui concerne le travail comme mission de l'université, c'est un faux problème les besoins de l'industrie changent plus vite que les formations élaborées et dispensée en amont.

Une formation riche, et critique, offre une base d'adaptation importante a l'industrie et aux évolutions technologiques.

Les savoirs "inutiles" a l'industrie (transitoirement) apportent beaucoup aux humains qui les pratiquent, et peut être rendent moins con et plus conscient de ce qui les entoure....


VV

Anonyme a dit…

pardon pour les fauttes
j'écrit sur un clavier non voyant en cantonais.

Anonyme a dit…

VV, essayez de proposer votre CV "riche et critique" qui "rend moins con" (pauvres êtres qui ne sont pas passés à la fac et sont restés "con"...)en dehors de la "Tour d'ivoire". Vous vous rendrez compte que c'est surtout un CV qui rend rmiste...
La faute aux employeurs privés (il n'y a pas que la fac et l'industrie dans la vie), qui ne manipulent pas que des idées ni des conversations de comptoirs, mais qui proposent des biens, services et savoir faire opérationnels (le concept d'opérationnel mérite le coup de s'y pencher), la faute à la fac qui vie dans le monde des idées dès lors que ses représentants ont le salaire pour le faire?

Par exemple, ces dernières années, pour répondre à la demande des étudiants de plus en plus nombreux à vouloir se professionnaliser dans le domaine humanitaire, les universités se positionnent sur le marché de la formation en multipliant des cursus liés à l'humanitaire. On y apprends a élaborer de formidable théories, on y optiend des diplômes très jolis, et lorsqu'on se présente devant les DRH des ONG et que ceux ci nous demande si l'on sait comment construire des latrines pour endiguer une épidémie de choléra, on dit : "heuuuuuu... c'est quoi des latrines...?" et se retrouve au rmi là où des CAP plomberie ou électriciens sont employés.

VV, n'espérez-vous pas que la fac vous professionalise en vous offrant un travail et un salaire? Un petit poste de MCF? Croyez-vous que c'est différent pour les autres étudiants doctorant ou non?

Anonyme a dit…

le RMI, (comme adaptation structurelle de la surproduction/non répartition des biens et richesses) cela ne me pose pas de problème de le prendre si il permet de vivre décement, ce qui n'est pas le cas
(certains parlent d'allocations universelles)

En ce qui concerne les diplômes on peut acheter des doctorats sur internet, si ils permetaient d'avoir du travail cela se saurait, certains chiffres de l'inssee donnent 4 chomeurs sur dix avec un diplôme.

Je rejoint VV c'est un faux problème, le diplôme n 'est pas la seule finalité de la fac.

Ha oui au sujet des grandes écoles, et de la fac c'est très bien de reconnaître les avantages respectifs des méthodes de formation, il faut juste ajouter que les moyens materiels sont incomparables, donc que vaut la comparaison ?



Nos chers dirigeants veulent flinguer la fac pour en faire une usine a fric, la fac ne fabrique pas de précaires c'est le capitalisme qui à besoins de cette précarité, qui arrange bien des intérets, en effet elle rend soumis aux lois du marché c'est à dire au droit du plus fort.

Certains fils de bonne famille pourront toujours faire de l'archéologie si ça leurs chantent les autres irront dans les usines du tertiaire pour se griller le cerveau à compiler des données inutiles, drogués au futile et au spectacle en atendant l'ecofascisme

Anonyme a dit…

Philoups, n'espèrez vous pas trouver un emploie et un salaire après la fac (MCF ou autre, on vit mal d'amour et d'eau fraiche)? Avez vous vécu au rmi (je ne vous le souhaite pas, d'autant si vous avez/voulez une petite famille)? Avez-vous tentez de proposez votre CV aux vilains employeurs capitalistes et vous êtes vous interrogé sur la raison de leur refus (en dehors du fait qu'il sont forcément capitalistes et libéraux)?

Anonyme a dit…

Non

Anonyme a dit…

alors Philoups, revenez quand votre barbe aura blanchi et que vous aurez vécu (sans être un mandarin perdu pour l'éthique...)

Anonyme a dit…

idem pour vv,
sinon apprenez au moins à pensez par vous même ( effectivement, comme vous le démontrez, l'université ne semble pas vous y aider...)

Anonyme a dit…

damned i'm refèdd !

VV

Anonyme a dit…

il a marqué un point "vv", ça te la coupe hein ?
;)

Anonyme a dit…

C'est vrais là je reste sans voix devant tant de finesse, de profondeur et de clarté réunie... du bon sens... c'est vrais, je suis convertie, je vois la lumière...


Sinon, tu sais je ne réponds jamais aux non docteurs
et puis je dois aussi me référer à mon commissaire politique au préalable de toute intervention, c'est ma liberté de penser à moi...

VV

Pandore a dit…

Anonyme (un petit nom, même un pseudo rendrait les réponses plus faciles), la fac peut former des universitaires mais prépare aussi à d'autres métiers, sûrement pas à "construire des latrines pour endiguer une épidémie de choléra", mais dans le monde, il y a besoin de chouettes métiers comme traducteur, bibliothécaire, médecin... Les parcours d'études professionalisés ont fait leurs preuves. Là n'est pas le problème! La Fac n'est plus seulement le monde des idées depuis longtemps.

Je ne remets pas en cause le nombre d'étudiants à l'Université mais le nombre de docteurs. Et encore, cela dépend des filières, en chimie ou en informatique par exemple les docteurs peuvent intégrer d'autres fonctions que l'enseignement ou la recherche.

Pour info, au sortir de mon doctorat, j'ai immédiatement été embauchée dans le privé avec un salaire très décent. Je pourrais aujourd'hui y être encore si je le souhaitais. Mais je préfère gagner moins et faire de la recherche à l'Université, question de philosophie et de qualité de vie...
Les "vilains employeurs capitalistes" m'ont accueillie les bras ouverts avec mon diplôme universitaire...

Pour conclure, une petite remarque personnelle, ce blog peut être un lieu d'échanges et de confrontations tant que cela se passe dans le respect et la bonne humeur.

Quand à l'argument, "vous verrez quand vous serez vieux", Brassens le chantait si bien "Le temps ne fait rien à l'affaire [...]
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père"(http://www.dailymotion.com/video/xd396_brassens-quand-on-est-con)

VV, le clavier non voyant m'a laissée rêveuse :)

Anonyme a dit…

Les filières universitaires dites "professionnalisante" sont très loin de faire leur preuve. D'ailleurs, aucune statistique n'est affichée dans ces formations (ni dans aucune autre d'ailleurs)quant à ce que deviennent les étudiants après leur formation "professionalisante" et donc impossible pour ceux qui souhaiteraient les suivre d'avoir la moindre information à ce propos...
Si les résultats étaient réellement bons en terme de professionalisation, les universités utiliserait aussitôt ces chiffres pour mieux vendre leur formations.

Cependant je suis enchanté que vous reconnaissiez que les universités doivent professionaliser, et que les étudiants n'y vont pas pour apprendre à devenir "autonome" ou "moins con" (pour reprendre des "arguments" lus plus haut).

Je suis ravi que vous remettiez en cause le nombre de docteurs qui sont effectivement trop nombreux. Mais quelle solution proposer? On sort le gros mot de "sélection"?

Je suis également ravi que vous ne sombriez pas dans le discours idéologique si présent à l'université qui dit : "le secteur privé c'est des méchants capitalistes... le secteur public c'est des gentils" comme on peut malheureusement le constater dans certaines réactions ici...

Certaine filières universitaires sont porteuses et offrent des débouchés... Ouf!
Mais que dire des SHS? Les résultats y sont catastrophiques et aucune reconversion n'est possible à leur issue (pensez aux Arts du Spectacle, Ethnologues, et autres études passionnantes mais sans avenir pour les étudiants...)

En évoquant la question des latrines en lien avec les formations humanitaires proposés par les universités(ce n'est qu'un exemple), j'évoque le décalage entre les formations universitaires et les besoins dans le monde professionnel. Il y a un gouffre énorme, et dans le cas évoqué, il est réellement dommage que les universités n'apprennent pas à leur prétendants à l'humanitaire à construire des latrines (l'exemple est trivial), et bien d'autres choses encore. Cela permettrait pourtant aux étudiant d'envisager un avenir autre que le rmi...

Pour ne pas conclure, je suis tout de même un peu inquiet quand je lis que des prétendants aux postes de MCF considèrent qu'il est normal qu'ils reçoivent un poste et un salaire après leur formation doctorale, mais semblent penser que leur futurs étudiants iraient à l'université juste pour se cultiver. On confond trop souvent "université" et "université pour tous" qui sont deux structures bien distinctes et qui ont des finalités différentes...

Anonyme a dit…

Anonyme, on t'a reconnu sous ton pseudonyme de Diogène mal choisi.

Alors, supprimons les SHS puisqu'il n'y a pas de débouché! En effet, ce n'est pas un discours idéologique, c'est du bon sens, tu devrais être ministre d'ouverture!

Et si nous les docteurs commençons à faire des latrines (je n'ai rien contre au contraire c'est un vrai métier et je suis sérieux) que vont faire les artisans à qui on va prendre le travail, nous les docteurs des SHS? C'est la révolution culturelle, cher Mao notre maître à tous!

Quant au "décalage entre les formations universitaires et les besoins dans le monde professionnel" ne t'inquiète pas ça arrange bien le monde professionnel des CDD à répétition de diplômés docteurs des SHS qu'ils souspayent au lance pierre. Voir les restrictions de la R&D de différentes compagnies en voie de privatisation comme par hasard et qui en répondent aux différents actionnaires.
Des périodes de chômage et de RMI pourquoi pas avec des CDD mal payés c'est l'objectif du gouvernement guidé par les entreprises qui s'en servent déjà depuis bien longtemps. C'est la réalité du terrain pour ceux qui la connaissent et qui n'ont pas de discours idéologique.

Et ils sont nombreux à suivre ce forum et à se taire mais ils connaissent cette réalité; ton bla bla TF1 n'y change rien.

"Pour ne pas conclure, je suis tout de même un peu inquiet quand je lis que des prétendants aux postes de MCF considèrent qu'il est normal qu'ils reçoivent un poste et un salaire après leur formation doctorale". (sic)

En effet, c'est normal d'exiger un poste après 10 ans et parfois plus de travail dans des conditions très difficiles parfois. Si la baisse du nombre de doctorants en est une des solutions, nous sommes partants mais pas dans n'importe quelle condition.
A commencer par les mandarins :
voudront-ils remettre en question leurs privilèges?
Dites nous vous qui semblez si informé et qui en faites partie probablement?

Il y a également d'autres solutions de "rupture" idéologique. En voici une: Pourquoi ne pas ouvrir les postes de haut fonctionnaire aux docteurs en lettres par exemple, sans repasser par la case sciences po et ENA (c'est-à-dire de la reproduction sociale) ?

Moi à mes étudiants je leur dirai pour les préserver d'aller à l'école de commerce qui fonctionne très bien grâce à des réseaux de solidarité de classe et d'auto-promotion. Si ça n'est pas de recyclage alors qu'est ce que c'est? Le problème c'est que mes étudiants n'auront pas les sous pour y aller. C'est pas grave ils feront des latrines.

Le privé en ce qui me concerne me paye aussi mal que le public pour beaucoup de travail et pour une qualité bien inférieure.

MDel

Anonyme a dit…

COMMUNIQUE / COMMUNIQUE / COMMUNIQUE /


"Je suis également ravi que vous ne sombriez pas dans le discours idéologique si présent à l'université " (SIC)

ATTENTION: CE QUI SUIT EST UN DISCOURS IDEOLOGIQUE

: "le secteur privé c'est des méchants capitalistes... le secteur public c'est des gentils" (SIC)

ATTENTION: CE QUI SUIT EST UN DISCOURS OBJECTIF

"Certaine filières universitaires sont porteuses et offrent des débouchés... Ouf!
Mais que dire des SHS? Les résultats y sont catastrophiques et aucune reconversion n'est possible à leur issue (pensez aux Arts du Spectacle, Ethnologues, et autres études passionnantes mais sans avenir pour les étudiants...)" (SIC)

VOUS ETES PRIES DE SUIVRE LA LIGNE DU PARTI DE LA PRESSE ET DE L'ARGENT

SIGNE: COMITE DE VIGILANCE DE LA LIBRE PENSEE DANS L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
parrain du Cosa Nostra dell'Universita (CNU) et des KKK associés

FIN DU COMMUNIQUE /FIN DU COMMUNIQUE

Anonyme a dit…

Si je vous comprends bien ltde, ça ne vous posera pas de problème d'éthique d'envoyer vos futurs (éventuels) étudiants au rmi, à condition que vous receviez un salaire de MCF pour le faire...

(C'est bien TF1 network qui vous rémunère en droits d'auteur comme indiqué en bas de votre blog?)

Anonyme a dit…

oops, pardon, le message était pour MDel non pas pour ltde...
Sorry

Anonyme a dit…

Trop fort Diogène,

"le concept d'opérationnel mérite le coup de s'y pencher)" (sic)

le concept de lecture aussi!

Pandore a dit…

Malgré les apparences, ce blog n'est pas un forum mais un blog, si, si...

Anonyme a dit…

Docteur, constructeur de latrines et infâmes capitalistes présents sur ce blog montrent en tout cas qu'ils font bien tous partis de la même espèce ;) celle qui a tant de mal quel que soit le nombre d'années et l'opinion a accepter que l'autre puisse en avoir une, d'opinion, tout aussi valable et intéressante, juste différente. ;)

Pour en revenir à ton sujet Pandore... cela m'attriste aussi, que rien n'ai changé surtout... et que cela empire... J'ai la même amère vision que toi :(

Je fais aussi partie de ces jeunes chercheurs, passionnés de sciences, qui ont renoncé à s'engager dans une carrière que je ne qualifirai plus de scientifique mais d'académique.

Il y a longtemps que l'université ne rempli plus, ou fort mal, ses fonctions : donner les moyens de penser par soi même à ses étudiants ainsi qu'aux citoyens (étant entendu qu'il n'est pas nécessaire de passer à l'université pour se faire ^^). Et agir sur le monde en offrant une lecture critique et analytique de son évolution. Mais elle s'est enfermée dans une espèce d'aristocratie de la pensée et de la science.

L'université est formatrice, de cela il n'y a rien à dire, les universitaires ont des qualités (du moins sont sensés avoir) très recherchées dans tous les secteurs, à des postes à responsabilité. Apprendre à poser des latrines ne pose pas de difficultés et ce n'est pas si long, il suffit de savoir où chercher, d'essayer, d'ajuster la méthode et c'est fait. Un chercheur fait cela très bien ;)

Moi ce qui m'inquite le plus c'est l'avenir de la science et de la recherche fondamentale.

Libres penseurs et scientifiques ont quitté l'université la quitte ou se sont "éteints". Ne reste plus que la fonction de "former" des spécialistes, de développer l'employabilité et la compétitivité des étudiants et des chercheurs histoire de servir des intérêts économiques, à court terme SVP et de faire vivre l'université.

C'est notre temps...

Courage à ceux qui résistent... Je croise les doigts pour toi Pandore,

Pour ma part, je n'ai pas renoncé à la recherche. Mais à l'Université oui (ce ne fut, et ce n'est toujours pas, facile car c'est une belle et profonde désillusion) ! Même si la situation n'est pas la même en Belgique (moins pire tout de même que chez vous), l'évolution de la recherche et de la science suit la même veine.

Après tout, combien sommes nous ? Tous ces talents et compétences ne pourraient-ils réinventer quelque chose ? avec Internet c'est faisable !

Mais en vivre ça c'est autre chose...