Triptique blogesque, puzzle collage de trois textes écrits à trois moments de la campagne pandorienne...
Ecrit le jour J -7
J'ai reçu une invitation pour aller étaler de la crème sur des scones à ... Gloomyland. Pas la vraie ville de Gloomy, celle juste à côté, dans la région du Gloomyland réputée pour ne recruter que des gens du cru à l'accent terroir et au numéro d'immatriculation du temps où les numéros disaient ton accent. C'est pas moi qui le dit, c'est une ancienne collègue issue du Gloomyland qui m'avait raconté quelques GloomyStories l'an passé suite à ma candidature. Il y a 3 universités en Gloomyland et il parait que dans les 3, on aime le local, bien étiqueté, son label rouge sur la fesse gauche et les papiers en règle.
Ecrit le jour J -7
J'ai reçu une invitation pour aller étaler de la crème sur des scones à ... Gloomyland. Pas la vraie ville de Gloomy, celle juste à côté, dans la région du Gloomyland réputée pour ne recruter que des gens du cru à l'accent terroir et au numéro d'immatriculation du temps où les numéros disaient ton accent. C'est pas moi qui le dit, c'est une ancienne collègue issue du Gloomyland qui m'avait raconté quelques GloomyStories l'an passé suite à ma candidature. Il y a 3 universités en Gloomyland et il parait que dans les 3, on aime le local, bien étiqueté, son label rouge sur la fesse gauche et les papiers en règle.
Nous sommes 10.
Ten little nigger boys went out to dine;
One choked his little self, and then there were nine.
10 petits nègres dont un seul survivra au plan machiavélique d'un KKK assassin.
Nine little nigger boys sat up very late;
One overslept himself, and then there were eight.
Et comme un petit googlage en règle me l'a vite appris, il y a 4 locaux parmi nous,.
Quatre petits nègres qui ont statistiquement plus de chance d'être le dernier...
Eight little nigger boys traveling in Devon;
One said he'd stay there, and then there were seven.
Il y a le nègre Oldy, gentil outsider local, assez improbable, à qui on a sans doute fait la charité d'une audition pour bons services rendus à la maison. Il pourra au moins avoir participé dans sa vie à une sauterie cacacatesque. Peut-être que c'est chic en Gloomyland de raconter ses KKK dans les diners : vous aimez le chapon? Il vient directement de la ferme. Et au fait, racontez-nous votre audition. Ce devait être passionnannnnnt! Les hommes portaient le costume?
Seven little nigger boys chopping up sticks;
One chopped himself in half, and then there were six.
Il y a le nègre Nicy, un gentil prétendant local, cv défendable mais sans doute pas assez d'éclat pour s'imposer. Quasiment pas d'enseignement, un dossier scientifique bien ficelé mais pour l'avoir croisé dans une autre vie, c'est quelqu'un que l'enseignement et la recherche publique n'intéressent pas a priori. Je suis un peu surprise, j'imagine qu'il tente sa chance sur une campagne et puis passera à autre chose si ça ne marche pas.
Six little nigger boys playing with a hive;
A bumble-bee stung one, and then there were five.
Il y a le nègre Friendly, un gentil faux local qui fait son postdoc ailleurs mais dont la liste des publications montrent qu'il a clairement partagé les figolus de plusieurs membres du KKK local les nuits blanches de deadline.
Five little nigger boys going in for law;
One got in chancery, and then there were four.
Enfin, il y a surtout le nègre HairyBoy, qui sera sans doute recruté : CV impeccable qui aurait mérité d'être défendu au CNRS. Sauf que comme il n'a pas postulé au CNRS comme nous l'apprennent quelques tapotages googelesques (aspirant, j'espère que tu prie St Google toutes les nuits car sans lui, ta vie serait encore plus obscure!), c'est sans doute qu'on lui a assuré ses arrières et qu'il ne veut pas quitter la région du Gloomyland qui l'a nourrit à la mamelle pendant tout son cursus, thèse et postdoc inclus. Les voyages forment la jeunesse, autant rester chez soi pour rester soi-même et ne pas se déformer.
Four little nigger boys going out to sea;
A red herring swallowed one, and then there were three.
Je veux bien parier une paire d'Irregular Choice sur HairyBoy. Je n'ai même pas envie d'y aller, aucune envie d'aller beurrer les scones d'un autre, aucune envie de jouer l'hypocrite scène d'un faux concours truqué, pas envie tout simplement.
Three little nigger boys walking in the zoo;
A big bear hugged one, and then there were two.
Mais on ne convoque pas 10 candidats sur un poste mité, on ne déplace pas 10 personnes de toute la France pour couronner son prince. Donc il y a peut-être une réelle ouverture, c'est peut-être une réelle audition! Si j'y vais, je vais peut-être regretter, mais si je n'y vais pas, je vais certainement regretter. Donc haut les coeurs à prendre, Pandore va mettre sa robe blanche et ses souliers dorés et va aller faire l'enfant obstinée! Allons zenfants de la patrie, le jour d'espoir est arrivé...
Two little nigger boys sitting in the sun;
One got frizzled up, and then there was one.
Ecrit le jour J
J'y suis allée, j'ai revu le projet de recherche, bossé le projet pédagogique, revérifié les travaux de l'équipe, j'ai déposé une journée de congés qui sera prise sur d'hypothétiques plaisirs estivaux, allégé mon compte de 130 euros, le prix d'une paire d'Irregular Choice, mis dans deux billets de train en carton, j'ai mis le réveil à 5h15, mis la tenue, mis le juste maquillage, j'ai pris le taxi, le train, trouvé dans la ville inconnue le chemin qui mène à, attendu en plaisantant avec les autres figurants.
HairyBoy était là, au milieu de nous, engoncé dans un improbable costume en tweed, on avait du lui dire que ça ferait plus sérieux, il avait ciré ses chaussures. HairyBoy était là, toute la matinée dans le couloir, nerveux. Les autres étaient les autres, des fanfarons, des stressés, des appliquées, des qui connaissaient tout le monde dans le couloir, des qui allaient souvent aux toilettes, des qui avaient sorti la chemise ou le tailleur, des qui espéraient tous un peu. Tous un peu fatalistes, tous savaient qu'Hairy était pressenti, Hairy n'a pas compris ce que son omniprésence dans le couloir avait d'insultant pour ceux qui avaient passé la nuit à l'hôtel.
Quand je suis rentrée dans la salle, j'ai compris qu'en Gloomyland, on se soucie peu des apparences : il manquait la moitié du KKK. Une salle vide, qui écoute, un peu, pas vraiment...
En rentrant à la maison, un peu plus tard, j'ai mieux compris : les textes disent "Quorum : le comité de sélection siège valablement si la moitié de ses membres sont présents, parmi lesquels une moitié au moins de membres de l'extérieurs à l'établissement". Ils étaient exactement la moitié, le nombre minimum. En Gloomyland, on déplace l'aspirant mais pas le KKK ou peut-être que le KKK est plus réticent à bouger quand il sait que les jeux sont faits.
Ecrit le jour J, quelques heures après
Le mail vient d'arriver, très vite : HairyBoy a été couronné, son dauphin est Nicy. Le soleil brille en Gloomyland, peu importent les gueux qu'on a fait déplacer en masse pour donner à la fête un peu du vernis des apparences.
One little nigger boys living all alone;
He got married, and then there were none.
Un amer goût de déjà-bu...
J'ai envie d'appeler Baptiste pour vérifier en chair et en os que les BC honnêtes et droits existent. J'ai envie d'appeler Baptiste pour aller me saouler à d'autres liqueurs que ces poisons que distillent ces KKK qui assassinent les petits nègres en les regardant dans les yeux.
20 commentaires:
10 candidats convoqués pour un poste fléché ? C'est en effet grotesque. Moi aussi, j'ai passé des auditions comme ça, et on en sort désabusé. Néanmoins, si on résiste, arrive le jour où on tombe sur le poste ouvert / le poste qui est pour vous, non pas parce que vous êtes local, mais parce que vous vous êtes fait remarquer côté recherche / le poste géré simplement par un KKK honnête. Arrive le moment où votre cv devient incontournable, écrasant.
Il faut y croire absolument, redevenir confiant - et faire connaître vos recherches, publier là où il faut, ne pas hésiter à assister à des réunions d'équipe dans d'autres universités, etc.
En attendant, ne faudrait-il pas, quand même, commencer à dénoncer ces pratiques, se battre contre ce fonctionnement injuste ? Pendant toutes mes années de candidature, je me suis juré que j'allais m'engager contre ces pratiques dès que je serai passé "de l'autre côté". Me voilà de l'autre côté, et prêt à m'engager. A mon avis, il faudrait réunir des candidats courageux, mais également des titulaires, pour donner du poids à un tel mouvement. Alors, on commence quand ?
Ne me décrivez pas plus vertueux que je ne suis ! A mon avis seul le contrôle (démocratique ou par les pairs) fonctionne dans ces cas là. Pas la vertu individuelle.
Bon courage,
B.
Et que deviennent Nicy et Friendly ? Etaient-ils mauvais au point de ne pas figurer au classement ? Si même Gloomyland ne valorise plus ses chers petits (tout gloomy qu'ils sont), où va-t-on...
Trêve de sarcasmes, je suis moi-même un « local », et un vrai, même si je suis maintenant en postdoc depuis la rentrée 2008 : le président du KKK est tout de même mon directeur de thèse. Je vais donc passer une audition mardi (sur un total de deux auditions accordées). Pour autant, je ne me vois absolument pas comme l'élu, ni même classé parmi les trois premiers, même si je considère mon dossier comme bon, objectivement. L'une des raisons est sans doute une dévotion plus que négligée à l'égard de nombre de membres du KKK. Mais je crois surtout que mon profil n'est pas forcément celui recherché à tout pris pour ce poste.
Tout ça pour dire, chère Pandore, chers collègues postulants, ne scrutez pas trop les CV et origines des autres candidats, et si vous le faites, pas de découragement ! Rien n'indique que c'est nécessairement Hairy qui va l'emporter... Cela dit, je vous tiendrai au courant avec franchise de l'issue de cette audition.
Bon courage à tous, je suis persuadé que la motivation, le travail et la confiance sont des armes suffisants qui nous permettrons d'arriver à nos fins !
C'est sûr que le fait qu'il n'y ait que la moitié des membres du comité ne laisse pas franchement croire à cette hypothèse mais bon, on peut aussi se dire que le mec a été pris parce qu'il avait le meilleur cv (ce qui semblait le cas) et qu'il a fait la meilleure audition...
J'essaierai de pondre un billet la-dessus pour mettre mes idées au clair, mais il me semble que le plus gros problème du "localisme", c'est bel et bien qu'il n'y a pas de règles par chez nous. Soit on l'autorise et on dit clairement que c'est favorisé, soit on fait comme aux US et on l'interdit (je ne sais pas si c'est vraiment illégal mais ça n'arrive jamais), et chaque règle a probablement ses avantages et ses inconvénients, mais au moins on fait un choix. C'est le flou artistique qui finit par pénaliser tout le monde (surtout les candidats) et créer des tensions...
Ce ne sont pas les candidats qui sont pénalisés, c'est l'Université qui l'est.
Le problème est que la situation devient folle.
Je connais le cas d'un candidat avec un dossier à faire tomber plus d'un KKK. Pas classé sur un poste chaire-truc parce que deux ans de post-doc uniquement.
Argument strictement syntaxique pour l'évacuer.
Et je connais bon nombre de cas où les dossiers sont écartés parce que trop bon et venant de loin. Pas d'ici on connait pas, on ne sait pas si on va s'entendre avec lui et on le recrute pour 30 ans (!! entendu).
Je suis par chance de l'autre coté (sans etre KKK), sans être un "local" et je ne vois pas comment l'université peut s'en sortir en ne faisant entrer que ses petits. Au final, l'aspirant Gloomy reste celui qui doit, celui qui sans intervension n'aurait pas eu, et c'est la recherche et l'enseignement qui y perd.
Il faudra un jour envisager que les besoins locaux ne sont pas prioritaires sur ceux de l'ensemble des Universités, et envisager un concours national.
Au moment où la gestions des Universités se localise se localise... ce ne sera certainement jamais le cas... pas beaucoup d'espoir en perspective.
Bon courage Pandore, j'irai prier St Pécresse, St Google et St DarKos pour que l'Université t'ouvre ses bras.
Le fait qu'il y ait eu 10 candidats recrutés suggère effectivement une ouverture. Bien entendu qu'un candidat local a plus de chance qu'un candidat inconnu de même niveau. Car il y a le dossier certes, mais il y a l'humain, celui qu'on connait, qu'on apprécie peut-être déjà, qui est apprécié par les étudiants, les collègues... En le prenant, on ne prend pas de risques. Alors pourquoi convoquer 6 extérieurs quand on a 4 locaux ?
Je parlerai en fonction des kkk que je fréquente. Il arrive que plusieurs candidats locaux soient convoqués mais que chacun soit le "poulain" de membres différents du kkk voire de certains qui n'en sont pas membres. Il y a beaucoup de jeux de pouvoir et de contre-pouvoir à l'intérieur des départements et des kkk. Chacun voulant recruter un allié (une voix) pour de futures décisions démocratiques, ou parfois plus simplement pour assurer des cours sur une formation spécifique ou amener une compétence sur un thème de recherche bien précis. Si il y a plusieurs sous-disciplines, avec pour chacune une volonté de maintenir un effectif minimum que ce soit pour le pouvoir ou pour la formation et la recherche, il y a un affrontement à l'intérieur même du kkk. Les voix risquent alors d'être partagées. Le président le sait, du coup, pour éviter des tensions, la meilleure solution est d'adopter un extérieur, comme ça tout le monde a l'impression de faire une concession.
Anonyme 1, merci pour ces propos que je partage complètement. L'an passé, après le recrutement à 100% local des postes sur lesquels j'avais été auditionnée, je voulais monter un wiki des résultats pour essayer de quantifier et mesurer le phénomène, avec les lieux de thèse et de postdoc. Je ne suis pas sûre que ce soit efficace.
Dans le cas de Gloomy qui était vraiment scandaleux, je me disais que le CA ne POUVAIT PAS entériner une telle décision, mais que faire? Ecrire systématiquement au président de l'Université avant un CA pour dénoncer des pratiques qui nuisent assurément à la qualité de la Recherche qui sera menée dans son établissement?
Dans les faits, quand on est de l'autre côté, on peut se battre à condition d'accepter de se mettre à dos des amis, des collègues. Je connais peu de gens qui le font. On peut se battre en étant membre de commission, en dénonçant le localisme, en essayent de suivre une certaine déontologie en théorie. Dans la pratique, je m'aperçois que les gens les plus droits et les plus courageux sont parfois obligés de se coucher, pour leur intérêt personnel, pour la paix des labos, pour des raisons d'amitié, de fidélité, etc.
Baptiste, que voulez-vous? Il nous faut bien des icônes! ;) Le panthéon pandorien a besoin de quelques justes, laissez-vous donc dévoyer....
un_local(heureux homme;)), la première réponse est mitigée : il y a des locaux qui ne méritent pas d'être auditionné en comparaison de tous ceux dont on a mis le dossier au rebut. En revanche, sur un poste mité, je préfère qu'on invite les locaux, ni dupes, ni obligés de dépenser fortunes, plutôt que des vrais candidats...
Il y autant de situations que de KKK, je connais des lieux où les locaux ne seront pas pris en dépit de leur bon dossier justement parce que locaux. Je connais des lieux où les locaux ne seront pas pris parce qu'on connait leur mauvais caractère, leur retard systématique, leurs absences injustifiées, tout un tas de raisons qu'on ne peux opposer à un extérieur qu'on ne connait pas.
Je pense juste qu'il est plus difficile, à niveau égal, de se faire recruter en extérieur.
Et je suis relativement d'accord sur le peu d'importance à accorder aux autres candidats : pour mes prochains auditions, je ne connais pas les concurrents. C'est tout aussi bien, je pars le coeur plus léger et sans fatalisme. Je suis allée à Gloomyland, sachant que c'était sans doute pour rien, mais je ne pouvais prendre le risque de ne pas y aller: tout est toujours possible, partout!
Mixlamalice, j'en ai déjà parlé, je ne suis pas forcément contre le localisme : si le candidat local est excellent et que c'est un chouette type que tout le monde aime et qui fait un super boulot, je comprends qu'un KKK n'ai pas envie de prendre un gars sur une audition de 10 mn. Mais dans ce cas, il faut revoir le processus de recrutement : on ne parle plus de concours, on ne laisse pas 10 types se déplacer à leurs frais, etc. Je constate aujourd'hui que "le contrôle (démocratique ou par les pairs)" dont parle BC ne marche pas!
Anonyme 2, merci pour les mots sages et les prières. Je pense que mon dossier a été écarté pour ces raisons sur au moins un des postes cette année : accueil très hostile par mail du président du KKK alors que mon profil correspondait PARFAITEMENT à ce qui était demandé. Je ne suis pas auditionnée, à l'issue du recrutement, je demanderai le nom du vainqueur, je suis à peu près sûre qu'il s'agira d'un local à qui on a mitonné une audition aux petits oignons. La barrière de l'audition est négligée : on peut tout à fait conditionner et manipuler un KKK en donnant les bons dossiers et les bonnes instructions aux bonnes personnes. Je l'ai vu faire dans un de mes labos. Ca laisse tristement songeur quand on est candidat :
M. Le Prof, merci pour ces détails dont je n'ai jamais parlé ici je crois, il y aurait une jolie typologie des situations des KKK à faire :)
C'est scandaleux en effet, il n'y a pas d'autres mots.
Néanmoins, j'aimerai apporter une note d'espoir. J'ai été auditionnée face à 2 anciens locaux (ayant fait leur preuve en post-doc ailleurs), et 2 candidats à la mutation.
J'étais pas locale et je n'avais aucun contact dans ce labo et cette fac. J'ai été classée 1ère sur une ensemble de critères scientifiques et parce qu'ils ont vite senti que j'avais plus la "niaque" que les autres.
Face à 2 locaux, je me suis dit "c'est mort". Du coup j'y suis allée sans stress, avec mes gros sabots, tentant le tout pour le tout car je n'avais rien à perdre, et ça a marché.
Tout ce que tu décris existe, et mérite qu'on le dénonce. Mais gare aux anticipations auto-réalisatrices....il reste des gens intègres et il y a du mieux avec les nouveaux CS.
Le weekend dernier, je voulais abandonner la recherche, lundi j'étais sur un nuage.
Tout est possible. Courage. Ne cherche pas trop à savoir qui est en concurrence avec toi et d'où il vient, c'est parfois trompeur.
Merci enfin pour ce blog, il y a tant de vérités, dites avec un style inimitable.
Salut
pour se détendre allons voir Pandore au cinéma :
"La boite de Pandore" Réalisé par Yesim Ustaoglu
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18878479&cfilm=141827.html
Bon courage pour cette attente difficile !
juan
Nelly, c'est bien pour cela que j'y suis allée mercredi, avec toute la motivation qu'il fallait et sans doute plus d'assurance que sur les autres postes : là-bas, il n'y avait rien à perdre et il fallait tenter le tout pour le tout.
Bravo à toi et merci pour les encouragements...
Juan, merci pour les propositions de loisirs : la tête en a bien besoin en ce moment. J'avais vu la bande annonce, le film est tentant.
Modérons les propos sur le localisme, ce que fait très bien la maîtresse des lieux soit dit en passant... comme elle le dit elle même, Hairymachin chose avait un cv impeccable, donc pas de scandale.
Pourquoi irait-on recruter un type de l'extérieur (à compténces + ou -égales bien sûr) alors que le labo a financé la thèse, payé les colloques, les déplacements d'un candidat? Il faut bien un retour sur investissement non ?
N'oublions pas que mcf, c'est la recherche mais aussi les cours...et les charges administratives. Ceux qui habitent à 600km, qui disent à l'audition "ah oui, j'ai déjà prévu de déménager pour l'année prochaine" et qui en septembre vous dise "heu...des cours sur deux jours, c'est possible ? et vous connaissez pas un hotel pas trop cher") et qui 7 mois après demandent un exeat, c'est la réalité.
Comment dans ce cas faire vivre un département, faire vivre un labo (et encore, parfois, ils choississent de rester attachés à leur labo de thèse) ?
Donc, je ne vois pas ce qu'il y a choquant de prendre un type qui a moins de publis certes, peut être pas dans les plus prestigieuses revues, mais que les rapporteurs connaissent, qu'ils connaissent son tempéramment et son investissement possible.
N'oublie pas, cher candidat, que vous êtes tous à dire que vous déménagerez si vous avez le poste et qu'il est impossible de savoir ceux qui sont honnêtes et ceux qui feront turbo prof (je n'ai rien contre eux, même moi...).
C'est comme pour un job dans une entreprise, il n'y a pas de quoi crier au scandale. Personne ne crie au scandale du piston dans le privé... alors pourquoi l'université n'aurait pas le droit de certaines préférences ?
Après le motif qui est recevable de coup de gueule est le fait de faire déplacer des gens pour un poste déjà fléché (là encore, j'ai connu cette situation : hotel, audition, retour chez soi et le mail était déjà là...), mais après... Imaginons que je sois pressenti pour un poste. On fait venir 4 candidats (car on a la certitude que j'accepterai : ils me veulent, je les veux). Un ne vient pas, il a été auditionné et classé 1er la veille sur un poste intéressant. il reste 3 personne dont moi. On nous auditionne. Je suis classé premier. Pour des raisons diverses (laissons le candidat se détendre après son audition en imaginant être classé 1er sur un poste et ne pas l'avoir au final - oubli de jouer à galac, accident, on vous propose un poste dans une prestigieuse université/ecole à 4000 euros/mois, votre ordi plante quand vous rentrez vos voeux, un concurrent vous envoie un virus, votre livebox vous lâche...bref...), il reste donc deux candidats qui peut être seront pris ailleurs. Et la fac se retrouve le bec dans l'eau. Sur qui on tapera ? sur la commission qui n'aurat pas fait son taf en ne comptant que sur le candidat local.
Ok, je suis d'accord avec vous, statistiquement, ca fait beaucoup de paramètres mais si cela arrive, ca fait désordre. D'où la convocation de plusieurs candidats.
(suite...) On pourrait aussi expliquer le choix des commissions par la recheche de l'incompérence aussi.
Je renvoie le lecteur à la lecture de cet article, publié en 2006 dans les Annales des Mines. Je mets le résumé (pas le temps de chercher si l'article est dispo en entier sur le net).
LA VALEUR DE L’INCOMPETENCE : DE LA MAFIA TOUT COURT A LA MAFIA UNIVERSITAIRE. UNE APPROCHE METHODOLOGIQUE
par Diego GAMBETTA
"Pour la mafia, la régulation des marchés criminels par la violence n’est pas un choix économique satisfaisant. Il vaut mieux réguler par un lien de dépendance. La mafia universitaire ne relève-t-elle pas du même principe ? Comme on est d’autant plus redevable à quelqu’un qu’on est incompétent, la tentation est forte pour un mandarin de ne choisir que des incompétents afin de rester maître du jeu. La fidélité devient alors plus importante que le mérite. Dans un tel système, malheur à ceux qui approchent de la retraite ; ils n’auront plus le temps de renvoyer l’ascenseur, ils ne seront plus rien, ils n’auront plus aucun pouvoir. Mais il reste une dernière question : que se passe-t-il lorsqu’on feint d’être incompétent ?"
Cela dit, souvent, la commission fait venir 8-10 personnes pour n'en classer que 4. On peut penser qu'il y a à chaque fois un certain nombre de candidats dont ils sont surtout la pour faire le nombre et qu'on pourrait assez facilement diviser par deux le nombre d'auditionner (et du coup augmenter leur temps d'audition)...
De plus, oui, le localisme c'est sans doute un plus pour les enseignements, mais au niveau recherche c'est quand même rarement un signe de vitalité du labo: recruter quelqu'un qu'on a formé, c'est peut-être un "retour sur investissement", mais dans l'optique d'amener des idées et compétences neuves dans un labo, développer de nouvelles thématiques, c'est assez limité...
Désolé, d'habitude je parle mieux la France, voila ce que c'est que de ne pas se relire et de poster tôt le matin...
Ah, le prof-turbo, personnage-clef lui aussi, éternel alibi de tous les copinages jusques aux plus éhontés...
Comme le dernier puits mentionné dans Germinal, le système mérite d'être saboté par ses propres pions : partez. Avec une décennie de training et un joli CV, personne n'hésitera à vous prendre ailleurs, ailleurs où il y a de la place pour Gloomy mais aussi pour d'autres. Et si j'ai tort, vous ne risquez rien et n'avez rien à perdre.
Se faire humilier en espérant une erreur de casting (comme celles signalées dans les commentaires), pour ensuite se heurter à la nouvelle désillusion des conditions de travail insalubres et des objectifs bancals de l'Université, tout cela devient peut-être plus acceptable si c'est un plan B.
Et parce qu'il y a une vie et une pensée en dehors de la Boîte, il y a aussi Tout le Reste. ROTW. if (KKK) { gloomy = 0 } else { other_plans(); }. On meurt de choses plus graves que de n'avoir su s'accroupir sous les Fourches Caudines du KKK. J'ai l'impression que les humiliations que l'on regrette le plus sont celles que l'on s'inflige soi-même. Rien de tout cela n'est sacré.
P.S. TeX rules.
juste en passant: cette histoire de retour sur investissement me frappe... on pourrait penser que lorsqu'on recrute quelqu'un sur un poste à vie c'est la logique d'un investissement à long terme (30 ans?), plutôt que celle du retour sur investissement des 5 années de thèse qui devrait guider les choix! (entre autres facteurs bien entendu)
Le financement des thèses relève rarement des crédits du laboratoire, plutôt du ministère, dans ce cas c'est à l'échelle du système qu'il faut penser le retour sur investissement. A cette échelle la logique du retour sur investissement voudrait qu'on n'encourage pas à s'expatrier ad eternam les bons candidats manquant d'ancrage local dans des contrées où l'on recrute sur une base plus compétitive? (US, et de plus en plus, autres pays d'Europe)
nan...je n'ai pas dit cela non plus...
Mais quand des e/c de l'université et du labo aident pendant 4/5 ans un doctorant dans ses démarche de recherche, ca ne me choque pas que, compte tenu des thèmatiques qu'on retienne des locaux. Après, oui, on ne recrute pas un thésard à vie, je suis d'accord.
Après pour les nouvelles thématiques apportées par un candidat extérieur, cela doit dépendre des sections car dans la mienne, celui qui arrive à l'audition en disant qu'il veut développer un nouvel axe de recherche ou qu'il souhaite apporter un thème nouveau, a des chances de se voir répondre que ses thèmatiques de recherche ne s'inscrivent pas avec les réflexions engagées par l'équipe de recherche. Et (dans ma section toujours), on est de plus en plus dans une logique de constition de pôle avec un thème bien défini (à tort ou à raison, c'est un autre débat).
conclusion logique de ce qui précède: jeunes chercheurs, suivez le maître et restez en (à votre) place plutôt que de vous montrer (trop) original et novateur!
affligeant.
"Après pour les nouvelles thématiques apportées par un candidat extérieur, cela doit dépendre des sections car dans la mienne, celui qui arrive à l'audition en disant qu'il veut développer un nouvel axe de recherche ou qu'il souhaite apporter un thème nouveau, a des chances de se voir répondre que ses thèmatiques de recherche ne s'inscrivent pas avec les réflexions engagées par l'équipe de recherche. Et (dans ma section toujours), on est de plus en plus dans une logique de constition de pôle avec un thème bien défini (à tort ou à raison, c'est un autre débat)."
Bien sûr, dans une audition, on demande souvent à l'aspirant MdC de s'intégrer dans un projet déjà plus ou moins élaboré dans les grandes lignes, et de s'intégrer à une équipe déjà existante. Un mec qui arrive en disant, moi je m'en fous de ce que vous faites les gars, mes idées c'est de la balle, a peu de chances...
Cela dit, le labo peut aussi vouloir développer une nouvelle thématique et en conséquence chercher un profil différent de ce qui existe déjà.
Et puis, à plus long terme, un labo ambitieux scientifiquement, me semble-t-il, cherchera à recruter un MdC dont il pense qu'il pourra éventuellement finir par développer ses propres thématiques et pas ad vitam aeternam travailler sur celles qui existent déjà: un candidat avec une expérience variée et extérieure a a priori plus de chances d'y parvenir que quelqu'un qui a fait sa thèse, son post-doc et son ater dans le dit labo ou chez des collègues qui font la même chose...
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