mardi 19 mai 2009

En attendant Godechot?

Pas envie de parler, j'attends, pas envie de penser, j'attends, alors juste les mots de l'autre, bien mieux que les miens, je ne peux pas continuer, je vais continuer et je serai drôle demain.

"je n’ai pas bougé, j’ai écouté, j’ai dû parler, pourquoi vouloir que non, après tout, je ne veux rien, je dis ce que j’entends, j’entends ce que je dis, je ne sais pas, l’un ou l’autre, ou les deux, ça fait trois possibilités. [...]

Il faut reprendre, pas bougé d’ici, pas cessé de me raconter des histoires, les écoutant à peine, écoutant autre chose, me demandant de temps en temps d’où je les tiens, ai-je été chez les vivants, ou sont-ils venus chez moi, et où, où est-ce que je les tiens, dans ma tête, je ne me sens pas une tête, et avec quoi est-ce que je les dis, avec ma bouche, même remarque, et avec quoi est-ce que je les entends, et tatata et tatata, ça ne peut pas être moi, ou c’est que je ne fais pas attention, j’ai tellement l’habitude, je fais ça sans faire attention, ou étant comme ailleurs, me voilà loin, me voilà l’absent[...]

Le silence, la fin, le commencement, le recommencement, comment dire, ce sont des mots, je n’ai que ça, et encore, ils se font rares, la voix s’altère, à la bonne heure, je connais ça, je dois connaître ça, ce sera le silence, faute de mots, plein de murmures, de cris lointains, celui prévu, celui de l’écoute, celui de l’attente, l’attente de la voix, les cris s’apaisent, comme tous les cris, c’est-à-dire qu’ils se taisent, les murmures cessent, ils abandonnent, la voix reprend, elle se reprend à essayer, il ne faut pas attendre qu’il n’y en ait plus, plus de voix, qu’il n’en reste plus que le noyau de murmures, de cris lointains, il faut vite essayer, avec les mots qui restent, essayer quoi, je ne sais plus, ça ne fait rien, je ne l’ai jamais su, essayer qu’ils me portent dans mon histoire, les mots qui restent, ma vieille histoire, que j’ai oubliée, loin d’ici, à travers le bruit, à travers la porte, dans le silence, ça doit être ça[...]

C’est trop tard, c’est peut-être trop tard, c’est peut-être déjà fait, comment le savoir, je ne le saurai jamais, dans le silence on ne sait pas, c’est peut-être la porte, je suis peut-être devant la porte, ça m’étonnerait, c’est peut-être moi, ça a été moi, quelque part ça a été moi, je veux partir, tout ce temps j’ai voyagé, sans le savoir, c’est moi devant la porte, quelle porte, ce n’est plus un autre, que vient faire une porte ici, ce sont les derniers mots, les vrais derniers, ou ce sont les murmures, ça va être les murmures, je connais ça, même pas, on parle de murmures, de cris lointains, tant qu’on peut parler, on en parle avant, on en parle après, ce sont des mensonges, ce sera le silence, mais qui ne dure pas, où l’on écoute, où l’on attend, qu’il se rompe, que la voix le rompe, c’est peut-être le seul, je ne sais pas, il ne vaut rien, c’est tout ce que je sais, ce n’est pas moi, c’est tout ce que je sais, ce n’est pas le mien, c’est le seul que j’ai eu, ce n’est pas vrai, j’ai dû avoir l’autre, celui qui dure, mais il n’a pas duré, je ne comprends pas, c’est-à-dire que si, il dure toujours, j’y suis toujours, je m’y suis laissé, je m’y attends, non, on n’y attend pas, on n’y écoute pas, je ne sais pas, c’est un rêve, c’est peut-être un rêve, ça m’étonnerait, je vais me réveiller, dans le silence, ne plus m’endormir, ce sera moi, ou rêver encore, rêver un silence, un silence de rêve, plein de murmures, je ne sais pas, ce sont des mots, ne jamais me réveiller, ce sont des mots, il n’y a que ça, il faut continuer, c’est tout ce que je sais, ils vont s’arrêter, je connais ça, je les sens qui me lâchent, ce sera le silence, un petit moment, un bon moment, ou ce sera le mien, celui qui dure, qui n’a pas duré, qui dure toujours, ce sera moi, il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer, il faut dire des mots, tant qu’il y en a, il faut les dire, jusqu’à ce qu’ils me trouvent, jusqu’à ce qu’ils me disent, étrange peine, étrange faute, il faut continuer, c’est peut-être déjà fait, ils m’ont peut-être déjà dit, ils m’ont peut-être porté jusqu’au seuil de mon histoire, devant la porte qui s’ouvre sur mon histoire, ça m’étonnerait, si elle s’ouvre, ça va être moi, ça va être le silence, là où je suis, je ne sais pas, je ne le saurai jamais, dans le silence on ne sait pas, il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer.
"

Les extraits sont de l’Innommable de Beckett, ça date de 1949, ça date d'aujourd'hui. Les césures et la ponctuation en phrases de Pandore, ça date de 2009, c'est en suspens, peut-être que dans quelques minutes, ça aura tout un autre sens...

9 commentaires:

pablo a dit…

et ? et ? et ?

Pandore a dit…

Et alors on attend deux réponses. Un poste mité où un local sera sans doute pris et ce poste qui me fait les yeux doux : j'ai appelé les RH qui me disent qu'ils refusent de communiquer les résultats tant qu'ils n'ont pas été entérinés par le CA...le 9 juin!

C'est rageant parce qu'il suffirait que je connaisse l'un des membres de la commission pour avoir l'info!

N. Holzschuch a dit…

Hmûûh ?

heureux parents a dit…

Pandore: personnellement j'ai appelé les président des CS pour avoir mon classement, ils ne le donnent pas par email mais peuvent le donner par téléphone. J'ai donc eu mes deux premier classements. Tu dois avoir le nom du président du CS sur la convocation ou sur la liste des membres du CS publiée sur le site de l'établissement, après tu peux trouver le numéro de téléphone. Bon courage!

M Le Prof a dit…

Il aurait été étonnant que les RH lachent quelque chose. Elles sont quand même dans d'autres préoccupations et traitent des dossiers rarement des humains malgré leur nom. Vos inquiétudes ne les concernent donc pas. De plus, je pense que les RH n'ont pas le même souci que le KKK comme vous dites. Je m'explique. Je fais partie de 2 KKK. Sur un des deux, aucun candidat local. On effectue le classement. La plupart des gens qui ont été classés ont de bons profils mais viennent de loin. Du coup on ne sait pas s'ils vont venir. Et nous, on a vraiment besoin de pourvoir le poste. Alors le soir même des auditions, le président du kkk appelle le premier du classement pour savoir s'il va venir, de manière informelle, sans langue de bois ce coup-ci. Si jamais il avoue qu'il attend un autre poste sur lequel il a ses chances, on va vite appeler les deuxième pour tenter de le "séduire" et essayer de voir s'il vient également, etc etc. Cela ne veut pas dire qu'il faut appeler le président du KKK forcément, il faut connaitre la situation (y avait-il beaucoup de candidats, quel est leur dossier, la distance géographique avec le poste, etc).

M Le Prof a dit…

Désolé fausse manip je termine : Donc il ne faut pas appeler directement le président sans connaitre la situation. Surtout si celui-ci est membre du CA (on sait jamais, il y a toujours des gens qui réagissent de manière étonnante, alors comme le CA est roi sur la décision du KKK, mieux vaut ne pas prendre de risques inutiles). Toutes les infos sont normalement sur le site de l'université en question.

Dans la description que j'ai faite dans le commentaire au dessus, vous comprendrez qu'il y a plusieurs sources de flou :

1 - est ce que le président lui-même a la pression pour pourvoir le poste ou pas ? (si c'est un poste pour une discipline qui n'est pas directement la sienne, il a tout interet à ne pas appeler les candidats en esperant qu'ils trouveront un poste ailleurs, et que l'an prochain il puisse peut etre recruter qqu'un qui lui est plus proche)

2 - Si le président a "la pression" et a appelé le 1er candidat (dans le cas ou cela ne serait pas vous), est ce que ce dernier lui a dit la vérité. Si le candidat attend un autre poste mais qu'il n'a pas encore passé l'entretien, ou encore qu'il n'est que second dessus, il ne va pas pouvoir dire non de suite.

3 - Si vous êtes la premiere sur ce poste, et qu'on sait que vous n'avez eu que très peu d'entretiens sur lesquels vous n'etes pas classée, aucune raison pour le kkk de s'inquieter et de vous appeler car vous viendrez.

Bon courage en tout cas, je me souviens de cette période de ma carrière, c'est la pire ! Et pour les doctorants qui n'ont pas encore soutenu et qui lisent ce commentaire, c'est bien pire que le stress de la thèse.

Pandore a dit…

Heureux Parents, c'est bête comme tout mais le président avait l'air tellement revêche que ... je n'ose pas. Tant pis, j'attendrai, quelque part, plus on attend moins ça devient important.

M. Le Prof, c'est toujours intéressant d'avoir des échos de l'autre côté de la table à audition. Je comprends bien ce souci, mais des fois j'ai l'impression que les KKK mésestiment l'investissement personnel et financier. Mon passage en Gloomyland (cf article du jour) a du me revenir à 150 euros soit 10% de mon salaire mensuel, il m'a coûté une journée de congé, des heures de stress et de préparation. On ne va pas aux auditions comme à des parties de plaisir : on y va parce qu'on espère VRAIMENT le poste.

Merci pour les encouragements, j'ai hâte que tout soit fini et espère tellement que la fin sera heureuse...

M Le Prof a dit…

Chere Pandore, je ne pense pas que le KKK mésestime. Bien au contraire, chacun est passé par là et s'en souvient comme d'un très mauvais souvenir. Je ne pense pas qu'il puisse en être autrement. Chaque fois que je fais partie d'un kkk et que je vois défiler les candidats, je me revois à leur place. Mais cette empathie ne peux pas entrer en ligne de compte. Tout simplement parce qu'on l'a tous fait, et que c'est hélas, normal ! Pour les plus agés qui se souviennent de cette période avec moins d'émotion, il n'en reste pas moins qu'ils l'ont quand même vécu par procuration plus récemment pour un de leur doctorant. Ne croyez pas, sur ce plan là, je pense que la majorité des membres du kkk se mettent très bien à votre place, mais ensuite, il y a les interets de chacun et de l'institution et parfois c'est tres politique comme je l'avais expliqué une fois sur le billet "devenir mcf" dont je vous avais déjà fait parvenir un lien.

Bon courage encore.

Pandore a dit…

M. Le Prof, je réagissais par rapport à l'argument "il ne viendra pas" qui me renvoie à la question que je trouve toujours saugrenue à l'audition "Et si vous avez le poste, est-ce que vous viendrez?".

Si l'on vient à une audition, ce n'est pas pour s'entrainer ou faire joli dans le CV, c'est qu'on veut effectivement décrocher le poste. Sinon on reste chez soi bien au chaud à manger des cookies aux noix de macadamia en peaufinant des articles.

Je comprends l'inquiétude des KKK, mais c'est bien pour cela qu'il y a un classement : si jamais un ou deux candidats se désistent, il y aura toujours les candidats suivants classés "a priori" par ordre de mérite pour avoir le poste.

Je trouve surprenant qu'un KKK prenne le risque de se passer d'un excellent candidat sous prétexte qu'il ne viendra peut-être pas. C'est comme cela qu'on laisse de brillants candidats sur le carreau...